jeudi 30 octobre 2014

On the path to becoming a church of witnesses

I share here an article my colleague and friend Andy Buckler wrote - it was published in last World Mission 62th Issue - about the way we train lay leaders and try to become a church of witnesses:
 
A tool to help express our faith (c) D. Cassou

"When the Lutheran and Reformed churches merged in 2013 to form the United Protestant Church of France, the celebratory events focused on the challenge of becoming a witnessing, mission minded church. This identity is not new of course - the call to proclaim the Gospel has always been part of our church DNA - but over the last few years there has been an increasing recognition that the creation of a new national church gives us a unique opportunity to refocus on our mission calling.

The call to be a 'church of witnesses' comes at a time when recent polls have shown that the majority of the French population no longer consider themselves to be Christian. As elsewhere in Europe, secularism has become the dominant political and social philosophy, but in France it takes a particularly antireligious form. 'Religion' is largely seen as a problem, and generations of Protestants have learnt to live their faith in discrete, private ways. This has enabled the church to survive, but has not served its overall witness to a life changing Gospel.

Becoming a 'church of witnesses' throws out a threefold challenge which we are beginning to meet through the training and equipping of lay members and leaders within the church. The first challenge is to enable our members to leave behind historic reticences and become active witnesses to Jesus Christ. We have significant advantages here: French Protestants are typically involved in the tissue of society and have many relational networks. The problem is not being involved, but daring to do it in fresh ways, bearing witness in deeds and words to our faith. To help this process, practical training days are being organized throughout France on the theme of witnessing.

The second challenge is that of helping local churches to become welcoming and missional communities. Many parishes are small, and with numerical decline comes a temptation to focus on survival in a hostile environment. It is hard for some local churches to maintain hope when for a number of years they have had no pastor, and they have few children or young people. And yet, there is a widespread desire to discover fresh ways of being church, ways that remain faithful to our historic identity and yet which reach out to this generation with the Gospel. Our key strategy here is to equip local church leaders, especially church council members, to understand their ministry in spiritual terms, and so to exercise collective visionary leadership.

The third challenge is to be creative in the way we articulate our faith, taking hold of the opportunities that God opens before us. One such opportunity is the 500 year anniversary of the Reformation in 2017. Rather than organizing historic commemorations, we are using this event as an opportunity to proclaim our faith in fresh ways. Under the title 'Protesting for God, Protesting for Man', we have launched this year a 4 year project encouraging members and parishes alike to proclaim key gospel themes in modern, everyday ways. Thousands of calendars have been distributed, offering reflection on a different theme each week, with local and regional events throughout France on 11th October 2014.

Little by little, our church is learning to live out its calling to be confident in the Gospel in old and new ways, witnessing to the hope we have received in Christ.

Andy Buckler,
executive secretary for evangelism and lay training of United Protestant Church of France." 

lundi 27 octobre 2014

De Saly à Dakar, suite et fin

Quelques mots sur les deux derniers jours de l'assemblée générale de la Cevaa : 

Mme la modératrice (c) CSG
Mardi 21, la discussion a porté le matin sur les finances, budgets et orientations. Une des grandes questions de la Cevaa est celle des "attributions", des sommes dédiées à chaque Église pour ses projets missionnaires, qui peuvent être gardés en réserve pendant 3 ans. Quand une Église utilise son attribution chaque année, pas de problème. Qu'elle veuille la cumuler sur trois ans pour un projet de plus grande ampleur, on peut le comprendre, même si ça complique un peu les comptes. Mais le problème, c'est que certaines Églises ne se servent jamais de cet argent, qui "dort" donc pendant 3 ans sur les comptes de la Cevaa, alors que ce n'est pas sa vocation, avant d'être reversé pour la vie communautaire. Aussi nous avons demandé, à la suite du conseil exécutif de la Cevaa que ce mode de fonctionnement soit revu pour la prochaine assemblée générale (cela nécessite une modification du règlement intérieur et doit donc être soumis aux Églises membres au moins 6 mois avant l'assemblée générale...) de façon à rendre le dispositif plus souple (par exemple pouvoir utiliser l'argent après 1 année si aucun projet missionnaire ne se dessine).

Lors de la présentation des finances, un graphique m'a marqué, celui de la répartition de la contribution des Églises. Celle des Églises de France représente plus de la moitié des contributions... Cela montre notre volonté de garder la mission - et en particulier "la mission de partout vers partout" selon le mot d'ordre de la Cevaa - comme une priorité pour nos Églises. Mais cela me questionne aussi quant à la stratégie des autres Églises, en particulier celles qui contribuent peu au niveau des contributions mais financent la Cevaa sur projets. Je comprends que ce qui motive les donateurs, ce sont les projets, mais choisir soi-même ce pour quoi on verse l'argent (alors que l'équipe de la Cevaa est là pour garantir qu'il est bien utilisé pour les projets déposés) est une façon d'exercer une forme de pouvoir... Je me retrouve là devant des problématiques que j'ai déjà rencontrées à la KEK (Conférences des Églises européennes) et ailleurs.

L'après-midi, nous avons élu les modératrice et vice-modératrice de la prochaine assemblée, Danielle Hauss Berthelin (Alsace) et Martine Lawson (Togo) et adopté la proposition du conseil exécutif d'attribuer l'argent de 2011 qui ne sera pas utilisé en 2014 dans les projets missionnaires (voir le paragraphe précédent) à la lutte contre l'épidémie à virus Ebola, en partie à travers la CETA et les conseils d’Églises des pays touchés, et en partie à travers les Églises membres de la Cevaa qui sont présentées dans les pays voisins à l'épidémie, pour leurs actions de prévention et d'information, mais aussi pour lutter contre la stigmatisation et les comportements irrationnels de rejet.

Pour finir j'ai présenté les messages de l'assemblée (aux Eglises membres, à la CETA [Conférence des Églises de toute l'Afrique) et à la VEM [mission évangélique unie, basée en Allemagne] qui nous avaient envoyé des salutations) au nom de la commission des messages. Des améliorations ont été proposées et les messages ont été adoptés. Celui aux Églises d'accueil a été écrit plus tard, Célestin (Kiki, le secrétaire général) avait oublié de nous en parler... Le message au Eglises membres est disponible sur le site de la Cevaa, ici.

Mercredi 22, le groupe de maison et quelques formalités, nous avons clôt l'assemblée générale et bouclé les valises. L'après-midi, nous avons quitté Saly pour Dakar où nous allions célébrer le culte de clôture (à l’Église protestante de Dieupeul) et reprendre l'avion pour rentrer chez nous.

(c) CSG
Le paysage sur la route entre Saly et Dakar était composé d'une succession de parcelles entourées de briques et de maisonnettes à moitié construites sur des km. On voyait peu de choses de la brousse entre les villages... Dans ceux-ci, des marchés et des gens qui patientent à l'ombre. Des courageux travaillent malgré les 35 degrés.

Des ânes, des chèvres naines, des moutons et des zébus vadrouillent, en ville comme en campagne. Et parfois traversent de façon impromptue. À chaque village ses ralentisseurs, autour desquels une foule de marchants se pressent pour vendre de quoi manger dans de petits sachets plastiques ; mais les cars climatisés ne les intéressent pas : les européens ne sont pas des clients potentiels...

De temps en temps, des mosquées, qui doivent pouvoir contenir au maximum trente personnes debout... On les reconnait à leur coupole sur le toit. Sur le terre-plein d'un échangeur routier à Dakar, un groupe d'une trentaine de jeunes s'entraîne à la lutte sénégalaise. Quelques images prises sur le vif qui resteront dans ma mémoire...

Claire Sixt Gateuille

mardi 21 octobre 2014

Débats et sujets de prières

Culte à Mbour, Eglise luthérienne (c) CSG
Dimanche matin, nous sommes partis au culte à Mbour, à 5 km de Saly. Nous avons été accueillis par une communauté luthérienne jeune dirigée par un pasteur proche de la retraite et son stagiaire, dans un petit temple. Danielle Hauss-Berthelin, pasteur de l’UEPAL et membre du conseil du Défap, a donné la prédication sur Mt 22.15-22, nous appelant à tenir ensemble la spiritualité et le politique dans nos vies, et à garder l’espérance. Elle a illustré sa prédication avec une fourchette, rappelant que, comme dans un repas où le dessert arrive en dernier, dans la vie chrétienne « le meilleur est encore à venir ».
Sur le mur du chœur, deux fresques interprètent des passages de l’Evangile à la lumière de la mondialisation : à gauche, Jésus bénit des petits enfants, un européen, une asiatique et un africain et à droite, il marche sur les eaux alors qu’un bateau (type vedette rapide) vient à sa rencontre, portant un drapeau sénégalais et un drapeau italien, dans lesquels deux personnages tendent les bras vers lui…
Evangile et Mondialisation (c) CSG
Après le culte, nous sommes rentrés à l’hôtel, où j’ai pu durant l’après-midi faire la sieste, rédiger les messages dont nous avions déterminé les grandes lignes en « commission des messages » et qui seront soumis à l’AG mercredi matin, me baigner et rencontrer Roger Lasmothey (responsable jeunesse Cevaa) avec Bertrand Vergniol (secrétaire général Défap) pour lui expliquer comment fonctionne l’animation jeunesse en France, qui sont les contacts et quels sont les défis et les échéances à venir.
Lundi 20, nous avons abordé divers sujets, de la collaboration entre la Cevaa et les départements missionnaires (Défap et DM – échanges et mission, l’organisme suisse équivalent), ainsi qu’avec le Secaar, aux critères d’adhésion à la Cevaa, en passant par l’harmonisation des statuts et du règlement intérieur suite aux changements de nom ou unions d’Eglises. Nous avons aussi parlé de projets « régionaux » Cevaa (au niveau d’un sous-continent) ou de réunions spécifiques à des groupes-cibles (femmes ou jeunes). Beaucoup d’envies ont été exprimées, mais je ne sais où nous trouverons l’énergie de tout mettre en place…
Une rue de Mbour (c) CSG
Le sujet qui a le plus suscité de débats était en fait la question du non-transfert du siège : le conseil exécutif a décidé de ne pas déménager le siège de la Cevaa, mais beaucoup de personnes ont questionné la démarche qui avait été menée pour aboutir à cette décision. Néanmoins, un vote de confiance a finalement confirmé la décision du conseil. 
Et soudain, après le rond-rond des débats, les délégués de la République de Centrafrique témoignent de leur vécu, et les cœurs se serrent. Pillages, blocages des quartiers, tortures font irruption sans crier gare... Lorsqu'ils nous parlent des maisons qu'on aide à vider pour ne pas être violée ou pour sauver les filles, des murmures parcourent la salle. Et lorsqu'ils réaffirment leur confiance en Dieu qui seul peut les délivrer, on se réchauffe à leur foi et on sait que le souvenir de ce témoignage reviendra dans nos prières encore longtemps...
En ce lundi, la fatigue commence à se faire sentir, mais c’est aussi le moment où nous commençons à nous connaître un peu mieux les uns les autres (en particulier pour moi, primo-participante), où les contacts sont plus faciles. Il reste deux jours de débats et de célébration avant de se séparer. Deux jours avant de sortir de cette bulle interculturelle et de chercher à partager notre expérience vécue d’ici au reste de nos Eglises…
Claire Sixt Gateuille

lundi 20 octobre 2014

Familles, mission et jeunesse

Le parc de l'hôtel au couchant (c) CSG
Chaque jour un atelier chant (facultatif) se tient en début d’après-midi. Nous y apprenons des cantiques dans une grande variété de langues (parfois au sein d’un même chant), sur une multitude de rythmes. Je vais par exemple ramener dans nos valises un Alléluia malgache et une ballade uruguayenne invitant à servir notre prochain… mais plus globalement, les journées sont remplies de musique. Elle jaillit spontanément avec un chant en attendant le début d’une plénière, pour consoler quelqu’un ou pour la joie de communier dans la musique ; elle est omniprésente le soir dans le quartier qui nous entoure, parfois jusqu’à fort tard ; le vent dans les arbres qui entourent les bungalows de notre hôtel et les oiseaux nous en offre une autre le matin…
Vendredi 17, Nous avons passé la matinée à poursuivre notre réflexion sur le thème de l’AG, en plénière puis en ateliers. Nous avons débattu sur ce que nous voulions dire sur les familles, cherché une définition commune. Une des discussions de notre groupe a porté sur la question « le mariage est-il une institution divine ou une donnée anthropologique que Dieu bénit ? ». C’est là que l’on sent les différences de contexte. Je suis, en tant qu’européenne, méfiante sur l’idée d’institution divine, qui, il me semble, créerait une sorte « d’obligation de créer une famille ». A moins qu’on ne considère cette institution divine comme les catholiques considèrent la prêtrise : une institution divine mais associée à une vocation qui, elle, n’est pas pour tout le monde… Je préfère la donnée anthropologique associée à la bénédiction de Dieu. Mais je comprends que pour les africains, affirmer que la famille est une institution divine crée une forme d’obligation morale pour les membres d’une famille les uns envers les autres ; les pasteurs peuvent sur cette base rappeler aux fidèles leurs responsabilité (en particulier aux pères de familles tentés d’abandonner femme et enfants).
Carte du Sénégal affichée dans le temple de Mbour (c) CSG
L’après-midi, nous avons eu un débat un peu plus vif que d’habitude sur les programmes missionnaires. Jusqu’alors programmes présentés par les Eglises suivant leurs besoins pour être soutenus par la Cevaa, cette dernière souhaiterait désormais donner la priorité aux programmes qui feraient écho, au niveau national ou supranational aux actions communes ou priorités de la Cevaa. Certaines Eglises dont les préoccupations sont éloignées de l’action commune proposée cette année (travail commun des Eglises sur le thème « Familles, Evangile et cultures… ») ont exprimé leur réticence. Une reformulation de la proposition devrait être présentée en début de semaine prochaine pour indiquer la recommandation mais non l’obligation que les programmes missionnaires soient en lien avec l’action commune ou priorités de la Cevaa.

La chorale de l'Eglise luthérienne de Dakar (c) CSG
Nous avons fini la journée de travail avec une rencontre par régions, pour voir comment renforcer les liens entre les Eglises. Côté Europe, nous avons souhaité organiser une rencontre des personnes engagées ou liées à la Cevaa entre deux AG. La prochaine tournerait autour d’une préparation commune de 2017… Les thématiques de la jeunesse, des migrations et de l’Evangélisation en contexte européen sont apparues comme des préoccupations de nos Eglises. Je leur ai indiqué que ces thèmes avaient été aussi présentés comme axe de travail lors de l’AG de la Cepple, et qu’il serait donc bienvenu d’organiser une rencontre commune ou au moins de travailler en synergie avec celle-ci. J’espère que je serai entendue…
Le soir, chants, danses et défilé de costumes traditionnels nous ont été offerts par deux groupes de jeunes de Dakar. Et toute la climatisation n’a pas suffi à faire baisser l’ambiance surchauffée de la salle lorsque nous nous sommes tous mis à danser !
Roger Lasmothey, responsable jeunesse (c) CSG
La matinée de Samedi a été consacrée à la stratégie jeunesse, pour un premier bilan et tracer des perspectives. Nous avons mandaté le conseil pour poursuivre la mise en œuvre de cette stratégie qui, au moins sur le papier, est très intéressante. J’espère que Roger Lasmothey, actuel chargé de la jeunesse, pourra désormais la faire décoller, car elle a peiné à démarrer avant son arrivée…
Le slogan des jeunes qui présentaient la stratégie était : « Demain d’accord, mais aujourd’hui d’abord » ! Parmi les propositions faites, l’idée d’une sorte de « caravane des jeunes » comme il y a eu la caravane des femmes pour la paix a émergée.
L’après-midi, le temps libre m’a permis de me reposer, de finir le livre que j’avais glissé dans ma valise et que je n’arrivais pas à lâcher (the Fault in our Stars de John Green, traduit en français par Nos Etoiles contraires, pour ceux que ça intéresse) et commencer à préparer le travail du comité de rédaction du message dont je fais partie. Et de nager un peu.
Claire Sixt Gateuille

samedi 18 octobre 2014

Familles, Evangile et cultures dans un monde en mutation

(c) CSG
Le matin, nous sommes accueillis au sortir du Bungalow par des fleurs éclatantes de couleur et les cris des oiseaux dans la lumière naissante. Accompagnés par la louange de la création, une bonne façon de commencer la journée !

Mercredi 15, nous avons vécu les passages obligés de toute assemblée générale : message du président, rapport d’activité (sans compter l’adoption du PV, les comptes…).

Thierry Mulbach (président de la Cevaa) a articulé son message autour d’Hébreux 13, dont il a dégagé 3 thèmes : la reconnaissance, le fait de ne pas être « installés » et la solidarité. La reconnaissance est à la fois gratitude à Dieu de ce qui nous est donné de vivre ensemble et reconnaissance du fait que nous avons besoin les uns des autres. La non-installation (voir He 13.14) renvoie au fait que l’Evangile interroge et remet en cause notre culture, nos modes de gouvernance et nos (fausses-) sécurités. Elle renvoie à la dynamique de l’Evangile qui nous appelle à bouger, à être déplacés. La solidarité vient de notre conscience que nous avons besoin les uns des autres : Dieu nous parle à travers eux, ils nous aident à changer notre regard. Mais cela demande de l’humilité et n’empêche pas les difficultés de compréhension. Dans la vie de notre communauté (puisque la Cevaa est une communauté d’Eglises en mission), nous sommes appelés à prendre soin les uns des autres.

Le rapport d’activité sera disponible (l’est peut-être déjà, je n’ai pas vérifié) sur le site de la Cevaa, mais j’en ai retenu les 3 perspectives : Plus de communautaire et un communautaire plus équilibré, Priorité donnée à la jeunesse et à la formation des femmes et Plus d’équilibre entre les différents projets pour que toutes les Eglises participent à tout. Plus généralement, la force du travail en réseau a été soulignée.

La journée s’est close avec une rencontre de femmes. J’ai encore une fois mesuré la chance que j’ai d’être à la fois femme et – de 35 ans et en position de responsabilité de mon Eglise, ce qui est plutôt rare, la plupart des délégations étant composées d’un président ou leader d’Eglise (homme, d’un certain âge) accompagné d’une femme ou d’un jeune. 

Jeudi 16 a été consacré au thème de l’assemblée : « Familles, Evangile et cultures dans un monde en mutation », à l’exception d’une séance sur la nouvelle brochure d’animation théologique. La matinée a été animée par les deux intervenantes : Irène Amenyah Sarr, sénégalaise, psychologue et pédagogue, et Katharina Schächl, théologienne de l’EPUdF.

Enno Strobel avec Irène Aminiasah et Katharina Schächl (c) CSG
Mme Amenyah Sarr a présenté une approche plus « développementale », axée sur les questions de transmission. Elle nous a rappelé que le « modèle familial idéal » (papa, maman, 2 enfants : une fille et un garçon) n’est qu’un idéal-type. Elle a ensuite parlé de la construction de l’identité et des différents axes de développement personnel. Elle s’est focalisée sur les axes social, moral et identitaire, dans lesquels la famille joue un rôle essentiel, en particulier en termes de valeurs et de références sociales. La famille est une composante essentielle de la culture.

L’intervenante a souligné la nécessité de l’accompagnement des familles (pas pour les couler dans un moule mais pour les aider à remplir leur mission de transmission et d’être un lieu d’épanouissement des enfants en croissance). Elle a enfin parlé de l’inter-culturalité et du rôle à la fois de décryptage et d’accompagnement des jeunes confrontés à d’autres cultures pour développer le vivre-ensemble.  Dans sa conclusion, elle a appelé les Eglises au rapprochement, à l’interaction et l’intégration, avec les familles et les cultures, au nom de l’Evangile. Nous pouvons nous ouvrir pour être des Eglises fortes, vivantes et intergénérationnelles.

Katharina Schächl a commencé par souligner que le synode sur la famille qui se tient en ce moment au Vatican montre que nous ne sommes pas les seuls à réfléchir sur cette thématique complexe et difficile. Elle est difficile à cause des changements rapides dans nos contextes, nos sociétés qui nous déstabilisent et face auxquelles nous avons le réflexe de chercher des repères où nous raccrocher ; à cause de la façon dont elle touche à notre intimité et notre identité ; et parce qu’on ne peut pas se placer en dehors de la problématique. Nous devons faire attention, quand nous nous exprimons sur le sujet, au risque de blesser l’autre.

Au lieu de donner des réponses préformatées face aux situations rencontrées, Mme Schächl nous a invités à interroger notre rapport aux écritures (est-ce que je les lis pour trouver une morale, des repères, l’accompagnement et la présence bienveillante de Dieu ?), notre compréhension de l’Evangile (le « cri de la grâce et de la miséricorde de Dieu » selon Luther, une parole de libération en chair et en os), notre rôle de témoins de l’Evangile (l’Evangile vient d’un Autre, mais je peux en devenir le témoin pour d’autres, car il s’incarne ; je peux proposer une éthique que ne soit pas une « morale », mais une perspective de vie pour que la promesse de Dieu ne soit pas entravée).

Il n’y a pas de réponse unique ni de recette simple face aux familles et aux cultures, même à la lumière de l’Evangile. Mais nous sommes appelés à offrir une oreille, à annoncer une parole qui relève et qui guérit. Et à partager la confiance.  

Même si l’homosexualité et les questions de « normalité » ont été beaucoup évoquées dans la discussion et les temps de travail de groupe qui ont suivi, j’ai trouvé que les débats étaient respectueux et les attitudes attentives.

Le soir, nous avons eu droit à une initiation à la brochure d’animation théologique nouvelle version. Même si j’aurais aimé que sur certaines fiches les objectifs de l’animation et les convictions de la Cevaa soient différentiés dans les « objectifs » affichés, avec un peu d’adaptation contextuelle, ces animations sont un bon outil – sans être révolutionnaire – utilisable en France et en francophonie.


Claire Sixt Gateuille

mercredi 15 octobre 2014

J’ai fait mes premiers pas en Afrique

Une partie de la chorale à Fatick (c) CSG
Nous avons atterri lundi soir à Dakar. Deux heures plus tard – le temps d’attendre au contrôle aux frontières, pour certains également au bureau des visas, puis au tapis à bagages et enfin dans le bus pour vérifier que la sœur de Nouvelle-Calédonie qui aurait dû atterrir avec nous n’était pas dans notre avion – nous sommes parti pour Saly, lieu de l’assemblée générale de la Cevaa.
A l’arrivée, le temps de comprendre comment installer ma moustiquaire – et de constater qu’il sera impossible de l’utiliser de façon totalement sécurisée, puisque ma moustiquaire pour 1 personne ne peut se glisser sous le matelas de mon lit pour 2 personnes… – et de prendre une douche bien appréciée, je m’écroule de fatigue.
Mardi matin, en prolégomènes à l’assemblée, un spécialiste en infectiologie nous informe sur le virus Ebola, sa transmission, les mesures prises par le Sénégal et les conseils d’hygiène pour éviter la propagation de la maladie. Malgré des images parfois crues de malades au stage hémorragique, cette information permet de dédramatiser et de nous inviter, nous responsables d’Eglises, à lutter contre la stigmatisation et la psychose autour de la maladie et à entreprendre ou renforcer notre action de plaidoyer auprès des autorités civiles pour qu’elles aident les pays confrontés à l’épidémie à la combattre.
Démonstration de la combinaison anti-Ebola
L’après-midi, nous partons pour Fatick pour y assister au culte. Une heure et demi de route (aller) nous permet de découvrir la splendeur des paysages de savane et l’animation des villages que nous traversons. Durant le culte, une très belle chorale (musicalement et visuellement) accompagne les chants. La prédication est donnée par le modérateur de l’Eglise protestante du Sénégal. Son message – sur le thème de l’AG « Familles, Evangile et cultures dans un monde en mutation » – mêle annonce de l’Evangile et défense des valeurs « traditionnelles » de la famille. J’ai du mal à ne pas y entendre une condamnation sans nuances de la modernité. Thierry Mulbach, le président de la Cevaa, dans son allocution à la fin du culte a eu une attitude très fine en invitant les Eglises à cheminer ensemble, sans jugement mais dans la recherche d’une compréhension réciproque, l’interpellation mutuelle et le dialogue.
Après un gouter offert par les Eglises protestante et luthérienne du Sénégal, nous partons visiter un centre de formation pour les femmes puis revenons à Saly. Le soir, dans ma cathédrale individuelle de tulle, je remercie Dieu pour toutes ces découvertes et ces rencontres. Demain, les choses sérieuses commencent !
Claire Sixt Gateuille


lundi 6 octobre 2014

Evangélisation, jeunesse et migrations : les défis de la CEPPLE



Les délégués à l'AG de la CEPPLE (c) CSG

Samedi 4 octobre 2014 s’est tenue à Malaga, Espagne, l’assemblée générale de la Conférence des Eglises protestantes des pays latins d’Europe (CEPPLE). Nourrie des partages qui avaient eu lieu lors du colloque qui l’avait précédée (voir les deux derniers billets), Celle-ci a été l’occasion de mesurer à quel point ce lieu de formation et de solidarité qu’est la CEPPLE est riche et nécessaire. Faire de la théologie à partir de notre expérience de terrain et s’interroger théologiquement sur nos pratiques en prenant de la distance par rapport à nos contextes particuliers, telle est la spécificité de l’approche de la CEPPLE.

L’Assemblée générale a abordé différents thèmes, de l’administratif (comme toute AG) aux perspectives d’avenir. Parmi les questions stratégiques, l’assemblée a ratifié le fait que la CEPPLE devienne la région sud de la Communion des Eglises protestantes en Europe (CEPE), même s’il est entendu que certaines de ses Eglises membres ne font pas partie de la CEPE (les baptistes, par exemple). Elle a aussi abordé les questions de communications et la problématique linguistique qui y est attachée dans un contexte comme le nôtre (la francophonie recule au profit de l’anglophonie dans les pays latins d’Europe).

Lors de la discussion sur les perspectives 2014-2018, plusieurs thèmes ont été abordés, mais cinq axes sont apparus comme communs, et reliés les uns aux autres par des questions transversales :
- La question de l’Evangélisation
- La question des migrations, à la fois dans les Eglises (multiculturalité de nos Eglises) mais aussi dans nos sociétés (dimension diaconale et politique)
- A cette question est liée la question de l’éthique et de l’herméneutique biblique
 -La question de la jeunesse
- La préparation de 2017, qui concerne toutes nos Eglises.

La porte de la Justice à Grenade (c) CSG
La veille de l’assemblée, après le colloque, nous sommes partis pour Grenade visiter une partie de l’Alhambra (les réservations tardives de certains délégués n’ont pas permis d’entrer dans les palais Nasrides) et le centre-ville. Alfredo Abad, secrétaire général de l’Eglise évangélique espagnole (IEE) et nouveau président de la CEPPLE, nous a parlé des différentes interprétations de l’histoire de la domination arabe et de la conquête chrétienne du pays. Certains parlent de « reconquista », considérant que la présence arabe n’était pas légitime, la présence catholique étant seule légitime ; c’est la lecture historique que pronait par exemple le régime franquiste. D’autres soulignent que « l’invasion arabe » est en fait due à une alliance politique dans la lutte d’influence que se livraient le Royaume d’Aragon et celui de Castille, et que la conquête de la péninsule ibérique par les rois catholiques a été une « conquista », le pouvoir musulman ayant apporté culture, maitrise technique et structuration de la société, sa présence était tout aussi légitime que le pouvoir qui lui a succédé.

Bref, cette pause culturelle et touristique a permis au groupe de souffler entre le colloque et l’AG et de se découvrir les uns et les autres de façon plus informelle, mais aussi de découvrir le pays et la réalité de ses Eglises.

Claire Sixt Gateuille

dimanche 5 octobre 2014

Besoins spirituels et réponses des Eglises


E. Parmentier, professeur à Strasbourg (c) CSG

Lors du colloque organisé par la CEPPLE en ouverture de son assemblée, Jean-Pierre Bastian (voir le billet d’hier) et Elisabeth Parmentier nous ont accompagnés dans la réflexion sur « Quel futur pour les Eglises protestantes des pays latins d’Europe ? ». Elisabeth Parmentier nous a présenté 5 attentes contemporaines en matière de croire et les questions que cela pose aux Eglises protestantes.

Le premier besoin, celui d’identité et d’ancrage local, joue chez les « locaux », qui ont besoin de voir leur histoire reconnue et valorisée (par exemple la contribution des protestants à la société), mais aussi chez les personnes issues de la migration qui recherchent un ancrage dans la Bible, parfois jusqu’au littéralisme et des convictions théologiques simples. Elles nous interrogent sur notre capacité à formuler ce que nous croyons et le gros enjeu avec elles est celui de l’interprétation biblique, de l’herméneutique. 

Le deuxième besoin est celui d’appartenance supra-locale et d’ouverture. Il y a toute une dynamique non confessionnelle aujourd’hui dont la proclamation est centrée sur Jésus-Christ mais sans théologie élaborée, dont les Eglises sont définies non en termes de confessions mais en termes d’activité spirituelle, d’expérience, de convivialité, de bien-être communautaire et de festif. Face à cette mouvance, comment pouvons-nous offrir à nos membres un ancrage plus large que la paroisse locale ? En valorisant nos réseaux et organisations internationales, mais aussi en faisant connaitre les grandes figures protestantes actuelles (Margot Kässeman, Lytta Basset, etc.), car les gens cherchent des « maîtres spirituels ». Concernant les organisations internationales, tout l’enjeu est d’arriver à surmonter les divisions liées aux questions éthiques et donc de travailler avec les autres Eglises l’articulation entre culture, contexte, identité historique et biblique.

Anne-Laure Danet animait les débats (c) CSG
Le troisième besoin est celui d’expérience spirituelle, de vivre quelque chose en rapport avec la foi. Beaucoup d’Eglises travaillent aujourd’hui à des célébrations plus expérientielles, plus festives, à la « fécondité » de leurs cultes. Nous savons l’importance de l’accueil humain autour du culte, mais pas forcément valoriser les charismes personnels. Nous avons des réalités patrimoniales que nous pourrions valoriser mieux, avec l’aide d’artistes pour développer aussi l’accueil « vertical », l’ouverture à la spiritualité. Et développer les lieux informels, occasion d’un accompagnement des passants, dans une qualité théologique et de sens (on constate les questionnements ou les récits de vie qui surgissent au détour d’une visite, à la sortie d’un concert, dans une discussion avec la personne qui « tient l’exposition » ou est présente).

Le quatrième besoin est celui de théologie. Les gens ne cherchent plus le salut ou la vie éternelle, mais une vie réussie. Nous devons adapter notre discours pour ne pas commencer par la proclamation du salut, mais partir d’une théologie de la bénédiction pour les amener ensuite, dans l’accompagnement, à l’idée du salut. L’idée de salut pose trois problèmes à nos contemporains : ils la placent post-mortem alors que ce qui les intéresse, c’est aujourd’hui ; avec le salut par grâce, ils n’ont plus rien à faire ; et ils attendent des religieux une parole magique ou un rite, un geste de protection et non une mise en mouvement…

Le dernier besoin est celui de dialogue multiculturel et interreligieux. Face à la peur de l’autre, à la peur du conflit, mais aussi à la peur de « se perdre », nos contemporains ont besoin d’Eglises confessantes, qui affichent clairement leur conviction (ont un message « profilé »), mais aussi conviviales et accueillantes. Des Eglises également ouvertes au dialogue inter-religieux et impliquées dans la « guérison des mémoires » après des conflits.

une partie de l'assistance (c) CSG
Dans le travail de groupes qui a suivi, quelques pistes ont été évoquées, pour nos Eglises ou la vie de la CEPPLE :
- Nous devons toujours trouver le juste chemin de crête entre fidélité (à l’Evangile, aux convictions protestantes) et innovation (pour rencontrer les attentes et les besoins de nos contemporains), à la fois dans l’institution et dans chaque ministère (laïc ou ordonné).
- Comment faire une pastorale sur mesure qui ne soit pas du prêt-à-porter ? Etre confessant, ce n’est pas être dogmatique.
- Comment allier attitude œcuménique et message « profilé » ?
- La CEPPLE pourrait se saisir de la perspective de 2017 pour permettre à ses membres d’apporter un témoignage (type témoignage vidéos de membres) sur quel est le sens d’être Eglise protestante aujourd’hui (dans les pays latins). 
- Comment se positionner dans ce monde de concurrence effrénée, y compris dans la proposition de sens ? Les groupes humanistes athées ou agnostiques sont ceux qui sont le plus en croissance.
- Comment gérer le fait qu’un contre-témoignage, ou même une non-disponibilité en cas de demande urgente ont des conséquences directes ? L’attente de pasteurs qui soient des figures charismatiques ? Les protestants historiques sont coincés entre la peur du « gourou » et la nécessité de s’appuyer sur des personnalités médiatiques pour prendre et/ou faire connaitre des positions fines mais médiatiques.

Une partie importante des échanges a aussi porté sur la place des minorités « ethniques » dans nos communautés et la différence dans les positionnements éthiques entre elles et le reste des communautés. Comment arriver à accepter l’herméneutique de l’autre et à entendre son positionnement éthique sans le juger ? Comment faire aux personnes issues de la migration toute leur place dans nos Églises ? Comment accompagner les jeunes malgré ces différences ?

Ce colloque a été un temps de partage très riche et l’occasion de discerner quelques perspectives pour la CEPPLE pour la période 2014-2018.

Claire Sixt Gateuille

samedi 4 octobre 2014

un regard sociologique sur le protestantisme latin en Europe


Notre hôtel, symptomatique de la crise espagnole (c) CSG

Je suis depuis jeudi près de Malaga pour un colloque puis l’assemblée générale de la Conférence des Eglises protestantes des pays latins d’Europe (CEPPLE). Le colloque a eu lieu jeudi et vendredi autour de la question « Quel futur pour les Eglises protestantes des pays latins d’Europe ? » et nous invitait à partager nos perspectives d’avenir, en prenant en compte la dimension de plus en plus cosmopolite de nos Eglises, mais aussi les évolutions dans la demande spirituelle de nos contemporains et du rapport au religieux dans la société. Jean-Pierre Bastian a apporté son point de vue de sociologue et Elisabeth Parmentier, le sien de théologienne pratique (que je développerai demain dans un autre billet).

Jean-Pierre Bastian a évoqué deux grandes évolutions qui touchent le protestantisme latin : le développement fulgurant du pentecôtisme et la montée de l’individualisme.

Pentecôtisme
Il a souligné que le protestantisme en latinité était sociologiquement un micro-milieu. Pour lui, si la religiosité protestante est restée ultra-minoritaire, c’est qu’elle ne répondait pas à l’exigence esthétique et émotionnelle de la culture latine. Le pentecôtisme, au contraire, y répond en alliant hyper-archaïsme des pratiques magico-spirituelles et hyper-modernité médiatique. Il répond également à la demande contemporaine d’une religiosité pratique et performante, dans une logique de donnant-donnant (je fais cela pour m’attirer les grâces de la divinité) qui préfère le succès à la vérité. Selon Bastian, le pentecôtisme est la forme régressive du protestantisme, mais l’accent de plus en plus porté sur les charismes dans une frange du pentecôtisme (que le colloque de Strasbourg, voir les billets de juillet de ce blog, qualifiait de néo-pentecôtisme) l’amène se détacher progressivement du protestantisme pour devenir une nouvelle confession chrétienne.

Si le pentecôtisme est si présent chez les migrants, c’est que son message simplifié à l’extrême, sa pratique de la glossolalie qui est transculturelle et son détachement du politique, donc d’une implantation locale, le rendent transplantable dans n’importe quel pays. Le pentecôtisme détache le religieux de la culture pour mieux l’internationaliser.

Individualisme
Jean-Pierre Bastian, université de Strasbourg (c) CSG
Si le pentecôtisme rivalise avec le protestantisme historique, l’individualisme le transforme de l’intérieur. Sociologiquement, on est sorti en 50 ans de la religion instituée, ce qui ne veut pas dire que les gens n’ont plus d’attentes religieuses, mais celles-ci se sont déplacées.

Aujourd’hui, les croyances ne font plus système, la cohérence vient du « consommateur » et non plus du « producteur » d’offre de sens. Chacun choisit, dans un monde de symbole et de pratiques circulant, les éléments qui font autorité selon son expérience et ce qu’il recherche. Le critère de choix est le résultat produit (ce que l’on ressent, si ça nous « fait du bien »). Les gens font donc un usage pragmatique du religieux. 

JP Bastian parle de « désotériologisation » et prend l’exemple de la culpabilité : les questions autour du péché sont reformulées dans un vocabulaire faisant référence au monde, à la communauté. La spiritualité devient une « énergie communautaire qui recharge ». On assiste à un rapprochement entre le transcendant et l’immanent.

Les religieux deviennent de « petits entrepreneurs dans le domaine du salut », ils « donnent-à-croire » et s’adressent à des niches sociologiques, se spécialisent pour répondre à une sous-culture donnée. Cette évolution du croire suit la hausse du niveau de formation des gens : l’individu est aujourd’hui plus à même de choisir ses croyances, de les évaluer. Le lien à l’institution religieuse devient alors facultatif et chacun se construit son identité spirituelle. Mais le croire ayant tout de même besoin de confirmation, les personnes créent de petites communautés, plus au moins émotionnelles.

En conclusion, il propose plusieurs pistes pour les Eglises protestantes en Europe latine, autour de la production de sens, d’être une instance critique à la lumière de l’Evangile, de continuer la dynamique du XIXe siècle où les protestants étaient à l’avant-garde dans le social, de faire avec le pluralisme religieux, d’être des minorités actives et de faire de la personne un « individu porteur d’une identité », nourrit de mémoire et de théologie. Il nous a par ailleurs invités à dialoguer plus avec les pentecôtistes. Rappelant que la spécificité du protestantisme historique est dans l’éducation et la réflexivité critique, il a fini en invitant nos Eglises à redevenir une avant-garde intellectuelle, religieuse et morale.

La table des intervenants (c) CSG
C’est son point de vue de sociologue analysant la spécificité du protestantisme. J’ai pour ma part du mal à me dire qu’il faudrait avoir comme cœur de cible une démarche élitiste… Mais les idées de garder l’Evangile comme référence critique, d’être des minorités visibles et actives par l’Evangélisation et l’importance de la formation sociale et théologique des membres d’Eglises et e leur place dans la mission de l’Eglise sont en droite ligne de nos objectifs dans l’EPUdF.

Claire Sixt Gateuille