le retable d'Issenheim (c) CSG |
Hier a été une journée très agréable. J’ai assisté au culte
à l’Eglise luthérienne St Thomas, où le pasteur JJ. Reutenauer a fait une très
bonne prédication, sur le pardon et la réconciliation. Après avoir rappelé que
la réconciliation ne peut être initiée par les coupables, il a appelé les
chrétiens, au nom de la « grâce pour tous », à briser le cycle
infernal qui lie faute et destin.
A 13H, nous sommes partis en bus pour Colmar, au musée Unterlinden, admirer le Retable d’Issenheim et la Vierge à la rose, puis au Col
du linge dans les vertiges de la ligne de front allemande durant la Guerre de
1914-1918, et avons fini l’après-midi par une dégustation de vin alsaciens et
la soirée autour d’une tarte flambée « flammekueche » cuite au feu de
bois. Fameux ! Merci à Théodore Dieter qui se révèle un guide passionnant
sur l’art au Moyen-âge (la cathédrale vendredi et le retable hier).
Détail d'une façade strasbourgeoise, aquarelle (c) CSG |
Ce matin, nous avons commencé par entendre une intervention
d’Andy Buckler, mon collègue responsable de la formation et de l’évangélisation
dans l’EPUdF, sur les « fresh expressions of Church » dans l’Église
anglicane. Il nous a présenté le rapport de 2004 « Mission-shaped Church »,
en français « une Église pour la mission » ou « une Église
configurée par/pour la mission ». Il a rappelé rapidement l’historique des
pratiques d’évangélisation dans l’Église anglicane jusqu’à l’apparition de ces
nouvelles formes d’Église. Et les 3 concepts clés du rapport :
- Missional church : la mission n’est pas
quelque chose à faire, mais quelque chose à vivre, à être en Église. C’est
toute la communauté qui doit évaluer son mode de relations, ses activités, sa
vie, à travers le prisme de la mission (on retrouve cette idée dans le Livre de
Laurent Schlumberger « Sur le Seuil »).
- Mixed economy : la vie de l’Église a besoin
des deux formes : la forme paroissiale classique et la forme « en
réseau », innovante, contextuelle.
- Double listening : il s’agit d’écouter à la
fois la tradition de l’Église et la culture ambiante. C’est une méthodologie
pratique offerte à ceux qui veulent devenir pionniers (responsables d’une
nouvelle forme d’Eglise) ou s’impliquer dans ce projet.
Quelques minutes pour admirer la ville (c) CSG |
Il a présenté les 18 recommandations du rapport, souligné
que le mouvement est aujourd’hui devenu interconfessionnel et international et
évoqué le rapport de 2014 sur la croissance de l’Église « From anecdote
to evidence ». Il a fini en listant les arguments traditionnellement
opposés aux fresh expressions et, suivant le cas, leur réfutation ou les points
de vigilance auxquels les responsables de l’Eglise anglicane sont
particulièrement attentifs (la formation par exemple), ainsi que les forces et
les résultats de ce mouvement, et l’importance de la confiance qu’accordent les
responsables, en particulier les évêques, à ces initiatives. On pourra lire à
ce propos son article dans Réforme N° 3564
Ensuite, Adam Strojny, prêtre de la communauté du Chemin
Neuf, nous a présenté son mouvement et ses deux piliers : le renouveau
charismatique et la spiritualité ignacienne, et sa raison d’être : l'œcuménisme.
Son organisation regroupe des prêtres, des célibataires consacrés, des familles
ainsi que des « familles dans les quartiers » (qui ne vivent pas la
vie communautaire mais se retrouvent 2 fois par semaine, certains we et pendant
l’été). Le chemin neuf offre différentes formations à l’œcuménisme et de
nombreux temps de pastorale des familles, un réseau de prière « Net for
God », et anime des foyers d’étudiants, des paroisses et des lieux de vie
communautaire. Elle est présente dans le monde entier. C’est une communauté
jeune et en croissance (les implantations les plus récentes sont au
Royaume-Unie, en 2014, dont une à Lambeth Palace). Elle se définit elle-même
comme une « communauté catholique à vocation œcuménique », et
comporte plusieurs membres protestants ainsi que quelques orthodoxes. Elle
refuse l’autosuffisance des Eglises particulières. J’ai aimé une citation qu’Adam
a faite : « Seul, on avance plus vite, mais à plusieurs, on va plus
loin » !
Mots-clés de l'exposé de M. Degenhardt (c) CSG |
L’après-midi, après une rapide ballade dans la Petite France
avec Andy à l’heure de la sieste, Friedrich Degenhardt nous a présenté comment
l’Eglise luthérienne d’Hambourg essaie d’accueillir les africains de
spiritualité néocharismatique. Il a pointé diverses adaptations du culte, une
fois par mois : l’accueil (pour rapprocher les allemands et les
africains), le temps de salutation inclus au cœur du culte, le partage biblique
en petits groupes avant la prédication, la prédication bilingue (allemand-anglais),
l’animation par la chorale gospel, la danse de louange, le temps de bénédiction
individuelle pour ceux qui le demandent, l’insistance sur l’idée d’être un seul
Peuple de Dieu. L’idée est de faire sortir tout le monde de sa « zone de
confort » pour aller vers l’autre et sa culture différente. L’Eglise
travaille aussi particulièrement l’implication des jeunes et le travail social.
Calligraphie sur l'exposé de H van Beek, (c) CSG |
Enfin, Hubert van Beek a présenté le forum chrétien mondial
(Global Christian Forum en anglais), regroupant sur une base non-contraignante
les Eglises de toutes sensibilités, de façon bien plus large que dans le COE,
par exemple. Le FCM se comprend comme un espace ouvert ou la confiance entre
Eglise peut se construire. C’est un processus qui prend du temps. La structure
du FCM est très légère et souple, pour ne pas s’institutionnaliser. Il y a eu
pour l’instant une consultation internationale (2002), et deux rencontres appelées
Forums (en 2007 et 2011), une troisième est prévue pour 2016 en Amérique du
Sud. H van Beek a insisté sur l’importance du témoignage personnel et du culte
et sur ce qui se passait à ce moment-là de façon très profonde, permettant d’avancer
vers la reconnaissance mutuelle. Le FCM est le lieu où aborder les questions
difficiles ensembles (il n’y a pas d’objectif d’obtenir un accord à la fin de
la rencontre…).
La journée de travail s’est close avec un temps de groupe de
travail et la prière du soir.
Claire Sixt Gateuille
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire