En ce dernier jour,
nous avons bénéficié de l’intervention de Jean-Daniel Plüss, de contributions
de participants au séminaire puis d’une synthèse des débats proposée par le
professeur Ephraïm Radner, de l’Eglise anglicane au Canada.
Jean-Daniel Plüss (c) CSG |
Jean-Daniel Plüss, pasteur
d’une Eglise pentecôtiste suisse, nous a parlé des pentecôtistes dans le
mouvement œcuméniste. Il a commencé par distinguer les pentecôtistes des
Eglises de la prospérité et rappeler que toutes les « megachurches »
ne sont pas des Eglises de la prospérité. Cela dit, il faut dialoguer avec ces
Eglises car l’idée de la prospérité comme bénédiction est un élément présent
dans de très nombreuses cultures sous une forme ou une autre. Il faut donc
dialoguer avec ces Eglises, en particulier sur les thèmes de la lecture et
l’herméneutique des textes bibliques.
Il a ensuite parlé des
différents « paradigmes philosophiques » qui ont marqué l’histoire du
Christianisme. Selon lui, de l’apparition du Christianisme dans le monde grec à
la Réforme, l’Eglise était « le sacrement du Christ dans le monde »,
une structure offrant une foi cohérence et une communauté hiérarchiquement
structurée au peuple de Dieu. La diversité y est vue comme une menace pour
l’institution. C’est « l’ère ontologique ». A la Réforme, un nouveau
paradigme apparait : celui de « l’ère épistémologique », où
l’essentiel devient de comprendre ce que l’on croit, d’adhérer à la confession
de son Eglise. Cette insistance sur la confession de foi a amené de facto au
développement des différentes dénominations ecclésiales. Les 18e et
19e siècles qui ont introduit une insistance nouvelle sur le sujet,
sur son expérience, ont vu apparaître la troisième ère : « l’ère
phénoménologique ». L’Eglise comme corps du Christ, non seulement
structurée, non seulement communauté se rassemblant autour de la même
confession de foi, devient expérience communautaire, dans laquelle l’individu
ressent la communion entre frères et sœurs. La foi devient quelque chose qu’on
peut raconter, dont on témoigne personnellement.
Jean-Daniel Plüss (c) CSG |
Il a ensuite raconté
l’histoire du pentecôtisme depuis le début du 20e siècle, ainsi que
les points sur lesquels le pentecôtisme a particulièrement contribué au
mouvement œcuménique, à savoir les discussions sur le prosélytisme, l’unité vue
comme communauté (fellowship),
l’importance du témoignage personnel, l’appel à un œcuménisme moins structurel
et plus spirituel. Il a rappelé les forces du mouvement pentecôtiste : la
réponse aux attentes des gens (particulièrement au niveau des différentes
tranches d’âge), l’adaptabilité, la souplesse des structures, le fonctionnement
en réseau, le fait de permettre aux gens de se sentir comme chez eux, l’image
d’un Dieu qui prend soin de son peuple, le fait que chacun a reçu de Dieu des
dons…
Ensuite, Dirk Spornhauer, pasteur en
Allemagne, a présenté l’évolution dans le temps des typologies de
classification des Eglises des mouvements pentecôtistes et charismatiques et
l’évolution du fonctionnement en réseau et des pratiques de ces Eglises au fur
et à mesure du développement de ces mouvements.
Harald Lamprecht a
quant à lui présenté l’évolution de l’appartenance ecclésiale en Saxonnie entre
1949 et 2011, les différents types d’Eglises
charismatiques et non-dénominationnelles qu’on y trouve,
ainsi que les questions
que ces Églises posent à l’œcuménisme dans son contexte.
Encore une fois, ça a
été une vraie galère d’arriver à suivre la traduction en anglais, avec des
intervenants lancés comme des locomotives dans leur discours en allemand, sans
support écrit pour la pauvre Elaine qui a tout de même fait un travail
remarquable ! Ça m’a remotivée pour mes cours d’allemand…
Ephraïm Radner (c) Wyclif College |
Ephraïm Radner a clos
la session en nous appelant à faire des choix et à nous positionner par rapport
à ce que nous avons entendu et découvert pendant ce séminaire. Il nous a
proposé une série de questions pour nous aider à cela, comme : Quelle est
la forme de relation la plus juste entre notre Eglises et ces nouveaux
mouvement chrétiens ? Quelles sont les catégories que nous choisissons
pour les désigner ? Le pentecôtisme fait-il partie du protestantisme ou
non ? Comment pouvons-nous apprendre de ces Eglises ? Y a-t-il des
choses dans leur discours ou leurs pratiques que nous trouvons
inacceptables ? Est-ce que nous évaluons la pertinence de leur action à
l’aune de leur croissance ? Croyons-nous qu’une Eglise puisse être
auto-suffisante ? Est-ce la volonté de Dieu que ces Eglises soient ce
qu’elles sont ? Se satisfait-on de la situation ? Comment
travaillons-nous les déficits ecclésiaux de nos propres Eglises, que ces
communautés mettent en lumière ? Comment discerner la volonté de Dieu,
pour eux et pour nous ? Il a également parlé de « mutual accountability » entre ceux
mouvements et nos Eglises, l’exigence de tenir compte de l’autre, le fait
d’avoir « à lui rendre des comptes », c’est-à-dire à apprendre à le
connaître et à le prendre au sérieux, à lui rendre justice dans les jugements
que nous portons sur lui.
Fresque de l'Eglise St Thomas (c) CSG |
Ce séminaire a été une
belle expérience, très intéressante, même si la forme choisie d’une succession
d’exposés ex cathedra suivis de
questions-réponses n’est pas la meilleure façon de sortir d’une approche
uniquement intellectuelle des problématiques œcuméniques… Je retiendrai comme
principal point négatif le peu d’attention des intervenants (quelques soit leur
langue) aux exigences de la traduction, en particulier celle de parler
lentement et de fournir un texte écrit au préalable. Et comme principal point
positif la diversité des intervenants et des participants qui a vraiment été
enrichissante.
Claire Sixt Gateuille
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