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Château de Bossey (c) CSG
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Je suis depuis dimanche 24 au soir au Château de Bossey, dans le canton de Vaud, en Suisse, pour une rencontre des chargés de relations œcuméniques et internationales ("Ecumenical officers" en anglais) des Églises membres du Conseil œcuménique des Églises (COE). Une trentaine d'entre nous ont pu se déplacer, et vingtaine se joignent à nous en visioconférence, certains par demi-journées à cause des décalages horaires. C'est la première rencontre internationale organisée par le COE depuis le début de la pandémie, et un test de rencontre en mode hybride.
Actualité du COE
Pour l'instant, nous avons rencontré Dr Fr Ioan Sauca qui nous a tenu au courant des projets en cours et de l'actualité du COE, Charlotte Belot et Marc-Henri Heininger qui sont intervenus sur la préparation pratique de l'assemblée et Dr Mikie Roberts sur sa préparation spirituelle, Dr Risto Jukko, et Dr Seforosa Carroll sur le travail de la Commission de Mission et d’Évangélisation, Peter Prove et deux autres personnes concernant le Commission des Églises sur les affaires internationales (CCIA) et Frédéric Seidel sur le travail des Églises auprès des enfants.
Préparation de l'assemblée
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Logo de la 11e Assemblée du COE à Karlsruhe
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Concernant l'assemblée - le point qui m'intéressait le plus, je dois l'avouer - les préparatifs avancent, même si les organisateurs s'arrachent parfois les cheveux car il leur faut penser un plan A (situation normale), un plan B (légères restrictions, les 2/3 des participants prévus) et un plan C (seuls les délégués et conseillers des Églises seraient présents sur place, soit 1/3 des participants prévus) puisque les décisions sanitaires sont prises au maximum deux semaines à l'avance, ce qui complique singulièrement la planification (les organisateurs du Grand KIFF ont vécu ça aussi chez nous). L'équipe se concentre également sur les moyens à mettre en œuvre pour que tous les délégués puissent venir en Europe en aout 2022 (les défis concernent principalement l'accès aux vaccins et visas).
Un livret d'études bibliques sera mis en ligne en novembre, avec une étude biblique pour chaque fête liturgique d'ici l'assemblée, que les Églises locales pourront utiliser pour accompagner par la prière et la méditation biblique la préparation de ce temps fort. La liste des "conversations œcuméniques" et des ateliers auxquels les participants pourront s'inscrire sera disponible en janvier. Cette assemblée sera l'occasion de travailler, mais aussi l'occasion de se réjouir de cette possibilité de nous rencontrer et de l'action de Dieu dans notre monde.
Nous parlons régulièrement cette semaine du thème de l'assemblée, "L'amour du Christ mène le monde à la réconciliation et l'unité", inspiré des textes bibliques de 2 corinthiens 5.14 et de Jean 4. Quatre participants ont partagé leur réflexion sur ce thème. quelques phrases glanées au passage : Que veut dire "L'amour du Christ" dans une Europe touchée par la sécularisation ? Comment témoigner que Dieu mène le monde aux non-croyants ? L'amour inconditionnel est la marque des chrétiens. Le pèlerinage est un mouvement volontaire en réponse à l'amour du
Christ. dans un pèlerinage, l'hospitalité et le cheminement commun font de l'autre un frère.L'amour et l'espoir ouvrent un avenir.
En savoir plus sur la préparation de la 11ème assemblée du COE à Karlsruhe ici.
Programmes
Les représentants du travail de la Commission Évangélisation et Mission nous ont présentés trois axes de travail actuel : l'un sur le détricotage des liens entre mission et colonialisme, un autre sur la formation à la mission et un troisième sur la participation des jeunes dans la réflexion missionnaire. un bureau est par ailleurs centré sur la "Mission depuis la périphérie" (Mission from the Margins), c'est-à-dire affirmer, encourager et faciliter l'implication des
pauvres, des exclus, des dévalorisés, des minoritaires, etc., avec trois priorités sur inclusion des personnes handicapées, la participation et la prise en compte des préoccupation des populations indigènes et le travail en réseau. La lutte contre le racisme et le travail sur l'intersectionnalité (la simultanéité de plusieurs formes de domination) font également partie de son travail. Je retiens une phrase de cette présentation : Chacun est un cadeau de Dieu offert aux autres : comment aider les personnes marginalisées (handicapés, exclus, discriminés) à expérimenter cela ?
Le travail des Églises après des enfants est actuellement centré sur la prévention des abus - sexuels, domestiques, etc. - et sur les changements climatiques, préoccupation soulevée par les enfants eux-mêmes. Différentes ressources sont accessibles sur le site du COE, malheureusement souvent en anglais, mais quelques unes sont traduites comme ce document sur l'éducation contre la violence liée au genre.
Actualité des Eglises membres
Les Églises membres traversent la pandémie de façon très différente selon les contextes et le niveau de protection sociale offert dans le pays. Nous avons eu deux séances de partage des Ecumenical officers où les participants ont partagé les défis et les changements apportés par la pandémie.
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Chapelle du Château de Bossey (c) CSG
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Il y a les sociétés européennes, où la pandémie a accru les inégalités entre ceux qui bénéficient d'une (forte) protection sociale et ceux qui passent entre les mailles du filet (précaires, indépendants, gens du voyage, gens de couleurs selon les pays), mais où la situation des Églises est restée confortable, surtout pour les protestants qui mettent plus l'accent sur la prédication - qui peut se faire à distance - que sur les sacrements.
Il y a tout l'occident, où les gens se (re-)découvrent vulnérables, où la polarisation de la société se développe à grande vitesse, entre les vaccinés et les autres, entre les racistes et les gens de couleur, entre les locaux et ceux qui viennent d'ailleurs (ne risquent-ils pas de nous contaminer ?)...
Il y a l'Afrique, où à la pénurie de vaccins s'ajoute la prolifération des théories conspirationnistes anti-vaccins, la pauvreté et dans certains endroits la corruption dans les contrats de matériel médical, le trafic d'êtres humains ou les grossesses d'adolescentes.
Il y a tous les pays où la pandémie sert à justifier une répression militaire, des violences policières, des exactions envers les minorités.
il y a partout l'épuisement de tous ceux qui sont chargés dans nos sociétés de prendre soin des autres, parce que la tache est immense, la reconnaissance quasi nulle et que les violences à leur encontre augmentent.
Il y a enfin les signes d'espoir : le nombre de victimes moins élevé qu'attendu dans les pays les moins favorisés, le dialogue entre générations qui s'est renforcé du fait de la cohabitation forcée dans les familles à cause de la pandémie et commence à porter des fruits dans les Églises, la solidarité spontanée des membres engagés dans les Églises et leur travail pour le bien commun.
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