mercredi 9 décembre 2015

Cheminer - partie 3

(c) http://blog.zebible.com/
Le texte de Mt 22.34-40 est une des dernières polémiques avec les maîtres de la loi, l’Évangile de Matthieu entrera ensuite dans les discours préparatoires à la passion du Christ. Ce texte, qui donne le résumé de la Loi selon Jésus, les deux piliers pour vivre sa foi, est pour moi une perle de grande valeur, une « lampe qui éclaire mes pas, une lumière sur ma route » dirait le psaume 119.105.

Et dire que la question posée était un piège tendu par les pharisiens… la réponse que Jésus y apporte en fait une question essentielle, quasi existentielle : à quoi sommes-nous appelés dans la vie ? A aimer Dieu et notre prochain. Jésus résume en deux phrases le chemin pour faire la volonté de Dieu. Il en donne l’esprit, la dynamique, la tension, même, tension entre ces deux pôles que sont l’intériorité et l’attention à l’autre. C’est cette tension, une tension féconde, qui crée la dynamique de la foi chrétienne, qui nous relance chaque fois que nous nous appuyons trop sur l’un ou l’autre des pôles. Dans cette dynamique se trouve un chemin de vie, individuel et communautaire.

Pour cheminer ensemble, au long cours, il faut un but, une vision, une direction commune. Les disciples cheminaient pour connaître Jésus, son message, voir comment il allait accomplir les prophéties… Jésus leur a enseigné tout au long du chemin des bases, une attitude à avoir, des « commandements » à suivre, selon l’esprit plus que selon la lettre. Il leur a donné aussi une vision de ce qu’est le « Royaume des cieux », cette réalité qui s’est approchée de nous et vers laquelle tendre, cette réalité qui vient nous travailler pour nous nourrir et nous pousser de l’avant, pour nous rendre un peu utopistes parfois, pour nous permettre d’adopter une attitude de serviteurs dans un monde qui cherche à soumettre. 

Plus tard,à la fin de l’Évangile, Mt 28.16-20 rouvre les perspectives que la croix avait semblé fermer, et les rouvre en grand ! La mission n’est plus réservée à Jésus, elle est confiée aux disciples, et elle n’est plus réservée à Israël mais destinée à toutes les nations…Jésus donne alors une vision - assez générale - de ce à quoi l’Église est appelée : Aller. Rencontrer, proclamer l’Évangile et apprendre ensemble à être disciples. Aller largement, en dépassant nos propres frontières, géographiques et celles que nous érigeons pour nous protéger illusoirement. Jésus donnera aussi aux disciples l’Esprit, pour poursuivre ce travail de discernement de sa volonté pour nos vies, pour nous rendre capable d’avoir une vision pour nous-même et pour notre Église dans son action dans le monde.

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Cette vision du Royaume des cieux, c’est une vision eschatologique dans le sens le plus fort du terme : non pas comme quelque chose pour la fin des temps, mais une vision qui vient interpeller aujourd'hui, questionner notre réalité et nous faire réagir, sortir de notre apathie. La vision du Royaume des cieux questionne notre monde, le remet en cause, nous remet en cause ; elle pointe nos infidélités, les infidélités à la volonté de Dieu que sont toutes les injustices que des hommes et des femmes font subir à d'autres, et dont nous sommes témoins sans réagir. Mais elle ne fait pas que nous remettre en cause, elle nous offre des possibilités, elle trace un chemin, elle offre une multitude de visions possibles pour l’Église de notre temps. Une multitude de possibilité pour entrer dans la mission de Dieu, la mission que Dieu accomplit, aujourd’hui encore, en faveur de la vie.

Claire Sixt Gateuille

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