mercredi 27 mai 2015

50 ans de facilitation œcuménique

L'assistance venue célébrer les 50 ans de l'IEO
Mercredi 22 avril, l'institut œcuménique de Strasbourg fêtait ses 50 ans.

50 ans au service des dialogues œcuméniques en lien avec la Fédération luthérienne mondiale (FLM). 50 ans d'un travail de fourmi et de titan. De fourmi car le travail préparatoire aux différents dialogues bilatéraux de la FLM est passé par lui, ainsi qu'un soutien à des dialogues multilatéraux ; tout un travail peu connu et peu valorisé en dehors des cercles d'initiés.
De titan quand on voit la tache accomplie, les résultats obtenus, et la réception qui s'est faite grâce à ce travail de fond de l'IEO.

Celui-ci possède une expertise reconnue et qui fait référence. Il est également à l'origine d'une méthodologie du dialogue œcuménique aujourd'hui très utilisée et de quelques concepts devenus clés, comme par exemple celui de "diversité réconciliée", si important au sein de la Communion des Églises protestantes en Europe (CEPE, connue parfois sous son acronyme allemand de GEKE).

L'histoire de l'institut a été évoquée, célébrée, son travail passé et présent valorisé et loué. Martin Junge, secrétaire général de la FLM, rappelait également que cet institut s'inscrit dans la démarche luthérienne d'ancrer le dialogue œcuménique dans une prise en compte des identités confessionnelles (de façon bien plus forte que d'autres, voir mon billet sur le livre d'Odair Pedroso Mateus en aout dernier). Cette approche permet aujourd'hui à l'institut de travailler très régulièrement avec des théologiens pentecôtistes, catholiques, évangéliques, qui seraient moins à l'aise avec une recherche d'unité visible (en tout cas d'une unité visible qui passerait par une fusion des identités confessionnelles).

Jane Stranz (FPF) et Larry Miller (FCM) lors du repas
Les pistes d'avenir passent par le renforcement de la participation des Églises du Sud aux dialogues bi- et multi-latéraux et par l'approfondissement théologique dans un monde marqué par le relativisme, pour ancrer mieux nos convictions (et pouvoir plus facilement les reformuler avec des mots d'aujourd'hui, mais ça, c'est moi qui le rajoute !). Un des axes qu'André Birmelé a valorisé toute sa carrière et qui a été souligné dans les interventions est l'importance de la communion ecclésiale, à la fois comme concept théologique mais aussi comme appartenance à la communauté, qui est une dimension essentielle de la foi. 

Des attentes ont aussi été exprimées, en particulier par un évêque Sud-africain : attentes de renforcement des capacités pour que les Églises du Sud puissent mener leurs propres dialogues bilatéraux régionaux, attente d'intégrer au travail œcuménique les questions d'éthique politique, si importantes aux vues de la situation dans certains pays, attente d'approfondir la connaissance de nos propres dénominations pour renforcer la capacité au dialogue.

Temple St Thomas où a été célébré le culte d'action de grâces
Je me pose tout de même une question concernant l'IEO : son directeur, Theo Dieter, affirmait que son objectif actuel était de ne pas circonscrire l’œcuménisme à une affaire de spécialistes ni le limiter aux Églises du Nord, mais de l'ouvrir largement. Mais pourquoi choisir alors de garder, dans les formations qu'ils propose, le format académique et la pédagogie frontale (ex cathedra) d'exposé + discussion qui s'adresse forcément à une élite capable de suivre des "cours" de haut vol et de se les approprier assez rapidement pour pouvoir poser des questions pertinentes à la suite de ces cours, et cela 2 heures durant, 3 ou 4 fois par jour ? Il y a aujourd'hui tellement d'autres façons de faire de l’œcuménisme, et de façon moins formelle...

Oserais-je dire que cette méthode de formation manque de pédagogies actives ? Il est sûr que l'institut s'adresserait alors à un autre public. Mais serait-ce pertinent de s'engager dans cette voie alors qu'il est reconnu et estimé dans la voie qu'il suit actuellement ? Les 50 prochaines années nous le diront...

Claire Sixt Gateuille

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