Faire du lien
(c) Albin Hillert pour la KEK (AG 2018) |
1. Je réponds aux sollicitations d’Églises étrangères et d'organisations internationales, en accueillant des groupes et en répondant à divers courriers, pour faire connaître nos réflexions et la manière que nous avons de traiter certains sujets qui les intéressent. Je présente aussi parfois spontanément nos initiatives quand celles-ci me semblent pouvoir les intéresser.
2. Je vais "à la pêche" aux informations, je suis l'actualité internationale et je vais chercher auprès des Églises-sœurs des éléments qui pourraient nous aider à travailler tel ou tel sujet (synodal par exemple) ou qui pourraient apporter un éclairage extérieur, plus global dans nos débats.
3. Je sollicite des membres de notre Église pour participer à des rencontres internationales et ainsi permettre au plus de personnes possibles de "toucher du doigt l’Église universelle" ; J'aide aussi des groupes à partir à l'étranger, en recherchant des contacts voire des soutiens financiers.
4. J'écris dans différents médias (site web de l’Église, ce blog, divers supports de presse) pour ouvrir une fenêtre sur le monde et j'encourage les délégués aux différentes rencontres internationales à témoigner de ce qui s'y vit (par exemple, j'administre le blog "A la découverte de l'Eglise universelle").
4. J'écris dans différents médias (site web de l’Église, ce blog, divers supports de presse) pour ouvrir une fenêtre sur le monde et j'encourage les délégués aux différentes rencontres internationales à témoigner de ce qui s'y vit (par exemple, j'administre le blog "A la découverte de l'Eglise universelle").
A sa place
Mais pour moi, ce qui importe, c'est moins ce que je fais que le sens que ça a, la vision que j'ai des relations internationales au sein de la mission générale de l’Église (la nôtre en tout cas).
(c) Anne-Sophie Hahn-Guerrier |
J'ai la conviction que Dieu agit, aujourd'hui, dans le monde. Il le fait d'abord au travers des humains qui croient en lui, qui se sentent libérés et mis en chemin par sa Bonne nouvelle. La façon dont l’Évangile résonne est différente dans chaque culture, et même dans chaque expérience humaine. Aussi, pour vraiment percevoir l'ampleur de cette présence au monde et la force de cette capacité de libération, il est important de trouver des lieux, des occasions, des fenêtres sur le monde, des occasions d'être interpelés, et rien n'interpelle plus que la rencontre avec la différence.
J'ai aussi la conviction que, comme le disait Paul Ricœur, le chemin de soi à soi passe par l'autre. Rencontrer des personnes étrangères qui partagent la foi en Christ, c'est rencontre une altérité qui ouvre différemment à l'Altérité de Dieu. C'est découvrir l'importance de la contextualisation, de l'incarnation de l’Évangile dans chaque culture de façon spécifique et de la force d'interpellation de cette incarnation quand elle nous déplace dans notre propre rapport à l’Évangile incarné dans notre propre culture. Ce n'est pas "relativiser" notre façon de dire la foi, c'est accepter qu'il y en ait d'autres, qui font sens dans d'autres contextes. C'est devoir préciser sa pensée, expliciter d'où l'on parle ; et donc prendre conscience du point de vue d'où l'on parle. Et parfois, prendre conscience que nous avons la prétention de surplomber les autres en adoptant ce point de vue... C'est parfois changer d'avis, mais plus souvent approfondir et clarifier sa pensée. C'est toujours cheminer avec d'autres.
Pour moi, entendre Dieu dit dans d'autres langues, même si je ne fais que les bredouiller, c'est être déplacée dans mes propres formulations, parfois enrichie, parfois aussi dépouillée, mais toujours interpellée dans ce qui me semble évident ou dans les formulations de foi qui avaient fini par se figer en moi. Cela me rappelle aussi que la Bible est une "belle étrangère", qui me parle en hébreu, en grec ou en araméen, dont le sens est voilé autant que dévoilé, et qui me parlent d'un temps que les moins de 2000 ans ne peuvent pas connaître... Les mots de la Bible peuvent devenir pour moi Parole de Dieu mais celle-ci ne s'y laisse pas enfermer.
Au contact des autres, mon chemin de foi devient souvent un chemin d'humilité, avec la conviction que l'humilité - que Jésus a vécu dans sa propre vie - est d'abord chemin (vers plus) de fidélité.
La question linguistique en œcuménisme international est une question ardue, mais centrale... On en voit souvent les aspects pratiques et linguistiques, on en distingue moins les aspects spirituels. Mais entendre le Notre Père prié en des centaines de langues autour de soi est une expérience bien plus forte que ce qu'en pourront jamais dire les mots.
L'Église universelle, entre inspiration et interpellation
(c) Joanna Linden-Montès pour le COE |
1. L’Église universelle s'expérimente. Sinon, elle reste un concept abstrait, extérieur, où l'on a tendance à se positionner en surplomb des autres, elle perd sa capacité d'interpellation, de dépaysement, sa capacité à nous déranger et à nous déplacer (pour nous mener à plus de fidélité à Jésus-Christ).
2. Notre Église "se reconnaît comme l'un des visages de l'unique Église du Christ", comme le dit la déclaration d'Union (qui est à l'origine de la création de l'EPUdF). La relation avec les autres Églises est donc indispensable pour découvrir les autres visages de l’Église du Christ, pour cheminer vers une plus grande fidélité de l’Église à l'évangile.
3. Les relations entre Églises chrétiennes ne sont pas simplement des relations de réseau, des relations entre pairs, des relations par affinité. Si l'on prend au sérieux le point précédent, l'autre Église est porteuse d'une autorité, celle du Christ agissant en elle (toujours de façon incomplète), autorité à laquelle il nous faut nous soumettre, avec discernement. Et réciproquement. Les relations entre Églises chrétiennes sont donc des relations de soumission mutuelle, qui incluent l'interpellation réciproque et la remise en cause. Cette soumission mutuelle n'est pas une partie de ping-pong, pour savoir qui a raison ou tort (ou qui aura le dernier mot), mais une interpellation mutuelle respectueuse des logiques de chacun, qui laisse un espace vide au centre, vide pour être habité par le Dieu de Jésus-Christ.
4. Réfléchir et agir ensemble permet de se sentir moins impuissants, moins démunis face à l'état du monde et permet d'être inspirés de l'action des autres chrétiens, là où ils sont. Et le regard des autres valorise nos propres engagements en faveur de la justice, que nous ne valorisons pas toujours nous-mêmes.
Claire Sixt-Gateuille
P.S. Merci aux femmes de la paroisse de Graffenstaden, qui m'ont invitée à présenter ce que je fais et m'ont ainsi poussé à mettre un peu d'ordre dans mes idées et à verbaliser ce que j'exprime ici 😄, même si je n'ai pas eu forcément l'occasion de leur dire ce que j'ai écrit ici lorsque je les ai rencontrées le 27 avril...
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