Le nouveau portail de St Peter's, où Adam Atkinson est pasteur (c) CSG |
2ème (et déjà dernière) journée à Londres en équipe. Encore des rencontres avec des personnes de grande qualité, à la fois engagées, motivées et dynamiques mais aussi attentives aux autres et aux sensibilités des gens qui les entourent. Encore des projets encourageants et des Églises locales renouvelées.
Bien sûr, pour une visite si courte, nous avons été obligés de faire des choix dans les différents types de projets vus, et nous sous sommes concentrés sur les revitalisations et implantations d’Église menées par des paroisses-filles de HTB (Holy trinity Brompton), à l’exception de St Peter’s Barge lundi. Ce sont les projets qui nous semblent les plus pertinents pour l’instant, car les plus directement riches d’enseignement pour notre contexte et les questions qui se posent à notre Église aujourd’hui.
Mardi matin, je suis allée au temps de prière proposé par le centre de retraite, situé en plein Londres, où nous avons dormi. Psaumes antiphonés et prière, nous ne sommes pas très loin du style des diaconesses de Reuilly, mais il n'y a pas dans ce centre de communauté à demeure qui, par son habitude de prière, aiderait à rentrer dans le recueillement. Je me retrouve un peu gauche avec un anglais prononcé trop rapidement pour que je me sente vraiment à l'aise...
Ancien et nouveauté cohabitent à St Peter (c) CSG |
Puis nous sommes allés à St Peter’s, Bethnal Green, dans un quartier pauvre fréquenté par trois types de populations : des gens « très cools », de milieux alternatifs, des gens très pauvres, et des gens issus de l’immigration, souvent musulmans très pratiquants. Dans ce lieu, la logique est double : adapter la vie paroissiale pour que tous ceux qui veulent venir à l’Église trouvent leur place, mais aussi aller vers les gens du quartier, non pour les convertir mais pour être avec eux témoins de l’Évangile. Vivre parmi eux et les aider à vivre bien dans ce quartier qu'ils ont rarement choisi.
Il y a aujourd’hui 3 cultes par dimanche, de styles différents. Pensés en cohérence, ce ne sont pas des « produits » proposés à des « publics » mais des passerelles entre les différentes sensibilités théologiques et liturgiques. Par exemple, des jeunes venus d’abord à l’Église par le culte du soir, très détendu et informel, viennent maintenant au 1er culte du matin, car ils y trouvent une qualité de silence et de recueillement qui nourrit l’intériorité ou un cadre qui nourrit leur foi. Et des personnes venant au culte très anglo-catholique de 9h du matin, accompagné à l’orgue, viennent maintenant au culte de 11h destiné aux familles, pour y vivre le culte avec les enfants.
L’organisation et l’animation de chacun des trois cultes est confié à un bénévole, laïc ou ordonné (il y a des pasteurs bénévoles dans l’Église d’Angleterre). Le pasteur en charge de la communauté y prêche régulièrement, mais il est ainsi déchargé de cette organisation pour d’autres taches, de formation des ministères locaux, de rencontres, de mise en place de la stratégie ecclésiale et diaconale ou d’évangélisation.
Cette paroisse cherche aujourd’hui à identifier les personnes « de bonne volonté » de leur quartier, celles qui favorisent la vie de quartier et créent du lien, pour se faire connaître et pour que celles-ci fassent connaitre la paroisse à ceux qui serait en recherche spirituelle. Elle encourage aussi ses membres à être des témoins authentiques dans leur vie de foi (en paroles et en actes). Son objectif principal est de montrer la présence de Dieu par tous les moyens possibles : la parole de Dieu, le St Esprit agissant en chacun et les sacrements. La Bible est au cœur de toutes les actions, y compris les conversations avec les non-croyants. Elle est présentée comme une ressource de sens, un texte à lire et qui peut nous parler, et non comme un outil pour imposer une vérité. Le Psaume 24.7 est devenu leur verset emblématique.
Andy Buckler et Cris Rogers, pasteur de All Hallow's |
L’après-midi, nous avons visité All Hallow's Bow, paroisse créée en 2010 dans les locaux d’une Église qui ne regroupait plus que 7 personnes. Elle a aujourd’hui 2 cultes de styles très différents tous les dimanches qui attirent deux populations assez distinctes, même si certains participent aux deux ou alternativement à l’un ou l’autre. De nombreux éléments sont pensés soigneusement (des liturgies illustrées car beaucoup ne savent pas lire à l’aménagement de l’Église pour être un signe du Royaume de Dieu et de la joie qu’il procure, en passant par la cène prise en cercle autour de la table car c’est le seul repas que les familles ne passent pas devant la télé…). Elle anime aussi un centre social et d’animation de quartier, ce qui valorise sa présence et sa participation à la société civile locale.
Ce qui m’a marqué le plus dans ce projet, c’est l’importance de l’accompagnement au changement qui a été fait envers les personnes qui étaient restées fidèles, même si elles n’étaient que 7. Un des principes de ce type de revitalisation est « honorer le passer, naviguer à travers les changements au présent et construire l’avenir ».
Ric Thorpe à St Paul Chadwell (c) CSG |
Nous avons fini la visite par un temps d’échange et de reprise avec Ric Thorpe. Nous avons parlé avec lui de ce qui était sorti de notre bilan de lundi soir, et affiné notre compréhension de l’articulation de l’autorité évêques/prêtres/paroisse dans l’Église d’Angleterre. Il nous a aussi présenté des objectifs et projets qui se mettaient maintenant en place au niveau des diocèses et même au niveau national.
Nous revenons de cette visite épuisés mais enrichis de ces rencontres et de ces expériences de terrain. Nous reste encore le plus gros du travail : que faire de cette source d’inspiration dans la dynamique actuelle de notre Église ? « Devenir une Église de témoins », projets d’implantation d’Église, logique missionnaire sont quelque mots clés du travail actuel de la coordination évangélisation-formation qui entrent déjà en résonance avec ce que nous avons visité. Le reste va germer… avec l’aide de celui sans qui notre travail n’est que du vent.
Claire Sixt Gateuille
Merci Claire pour ce récit de vos découvertes, c'est passionnant. "Honorer le passer, vivre au présent le changement, construire l'avenir" me semble une clé essentielle. Au fond, ça pourrait être une définition du ministère pastoral… et si ça pouvait l'être aussi de nos communautés, ce serait merveilleux !
RépondreSupprimerBonjour. Merci pour ce récit intéressant.
RépondreSupprimerJe me demandais quel était ce centre de retraite dans lequel vous avez séjourné à Londres?
Merci
Nous étions à la Royal Foundation of St Katharine : http://www.rfsk.org.uk/
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