Casa valdese di Torre Pellice (c) CSG |
Ben, en gros, ça ressemble à un synode de l’EPUdF (mon Eglise)
qui aurait fusionné avec un conseil d’administration de la taille de la
fondation des diaconesses, voire celle de J. Bost… Bref, beaucoup d’administratif,
pas mal de questions pratiques qui soulèvent souvent des questions théologiques,
des discussions de couloir, quelques négociations parallèles, des revendications
et des remerciements, des interventions plus ou moins à-propos, plus ou moins
polémiques et, le meilleur, des retrouvailles entre vieux amis ou collègues
complices. Et autour, des stands, des cabines de traducteurs (le synode est
traduit en français, allemand et anglais !), des bureaux, une véritable
petite ruche qui envahit Torre Pellice une fois par an.
la modérature du synode |
Je suis donc arrivée lundi soir, peu avant manger. Après le
repas, j’ai assisté à une soirée-conférence au temple autour des droits de l’homme,
avec quatre intervenants : deux politiques et deux membres de la société
civile, dont deux étaient engagés dans l’Église et/ou la diaconie). Le
sénateur, qui a mentionné avoir une « histoire commune » avec l’Église
vaudoise, a parlé de la dimension « sacrée » de la personne, désignant
ainsi le fait qu’elle est plus « grande » que ce qu’elle peut faire
de mal, qu’elle a une dignité inconditionnelle, qu’elle garde toujours ses
droits fondamentaux. Même si cet appel au « sacré » pour évoquer les
droits humains ne m’a pas convaincue (en bonne réformée, je crois que seul Dieu
est sacré), il m’a touché par son évocation de trois situations de migrants à
Lampedusa, qu’il a comparés à trois tableaux de la passion du Christ, dont le
Christ mort de Mantegna comme image des personnes mortes noyées.
Mardi, les débats ont porté sur :
- La langue utilisée pour le culte. Un vœu invitant à ce que,
en tenant compte des situations locales, toutes les Eglises « concernées
par le phénomène migratoire » cheminent vers l’utilisation de l’italien
comme langue commune du culte. Le vœu a été reformulé pour que l’accent soit
mis sur l’unité de la communauté dans le culte, et non pas l’unité
linguistique.
Le mur de la presse (c) CSG |
- L’hebdomadaire Riforma, ses problèmes budgétaires, mais
aussi sa stratégie de développement. Riforma a lancé un projet : « Riforma
si fa in 4 » (Riforma se met en quatre) : l’hebdomadaire papier, une newsletter
électronique quotidienne pour le compléter, un site internet enrichi plusieurs
fois par jour et un mensuel gratuit distribué dans les vallées vaudoises. A propos de presse, il est drôle de voir l'importance qu'a pour le synode les échos qui en sont fait dans les journaux régionaux et nationaux (un tableau affiche les articles !)
- La maison d’édition Claudiana et son réseau de librairies
- D’autres œuvres, leurs projets, leur dynamisme ou leurs
déficits (forcément, en synode, on en parle surtout quand ça va plutôt mal).
- La violence faite aux femmes
- La formation, surtout celle des pasteurs et des
diacres (il y a 14 diacres reconnus dans l’Église vaudoise). On voit qu’ici
aussi, le pasteur devrait être formé à tout, de la musique à la jeunesse en
passant par tous les domaines théologiques et toutes les sciences humaines… Car il est bien connu que le pasteur doit
répondre à toutes les attentes !
Le point sur la jeunesse a été reporté, faute de temps. Il faut
dire qu’ici, tant que des personnes veulent parler, le débat n’est pas clos et
on ne peut ni proposer de voter, ni passer au sujet suivant…
Mercredi, il a été encore beaucoup question de diaconie.
Mais le synode a aussi parlé de la place et de la valorisation de la culture
méthodiste à l’intérieur de l’Eglise vaudoise.
Mais comme le synode ne se limite pas aux plénières, j’ai
été interviewée mardi midi par un journaliste de Réforme et la personne qui s’occupe,
entre autres, des relations internationales pour la « Table vaudoise »
(la Table vaudoise est une équipe de 7 personnes qui forment l’équivalent de
notre conseil national, mais sont élus chaque année. Une équipe de permanents
travaillent aussi pour elle, l’équivalent de notre équipe nationale). Ceux qui
comprennent l’italien peuvent le lire sur le site de l’Église vaudoise.
Corinne Lanoir et Yann Redalié (c) CSG |
Mardi soir, les invités ont eu droit à une réception dans un
restaurant typique de Bobbio Pellice. J’étais assise avec Yann Redalié,
professeur de nouveau Testament à Rome, Corinne Lanoir (professeure d’ancien
Testament à Paris) et Célestin Kiki, secrétaire général de la Cevaa. Nous avons
eu des discussions très intéressantes, en particulier sur les cultures
africaines. Nous avons ainsi parlé du veuvage et de la pratique du lévirat que
les Églises ont souvent combattu (dans le lévirat, la femme doit épouser un des frères de son
défunt mari, comme Ruth). Nous avons aussi parlé des esprits et de la dimension
psychologique de la délivrance, ainsi que de la dimension spirituelle de la
guérison, de libération, de la résurrection (qui reste quelque chose qui questionne
toutes les cultures).
Mercredi midi, j’ai encore eu le plaisir de déjeuner avec un
collègue de promotion en théologie, Enrico Benedetto, qui est aujourd’hui professeur
de théologie pratique à Rome. Et hier soir, j’ai eu la joie de prendre un peu de temps en soirée pour partager avec mon ami Michel
Charbonnier, collègue à Bologne que j’ai connu grâce au conseil œcuménique des
jeunes en Europe (EYCE) et au COE et de revoir sa femme
Alessia lors des pauses du synode.
Bref, mon séjour ici aura été court (je pars aujourd’hui)
mais intéressant et riche de rencontres.
Claire Sixt Gateuille