“Venez auprès de moi, vous tous qui portez des charges très lourdes et qui êtes fatigues, et moi je vous donnerai le repos.” (Mt 11.28, traduction PdV)
Ce verset est le verset proposé par la liturgie anglicane pour les lundis ordinaires. Quand l’archidiacre Meurig Williams (le responsable général des paroisses anglicanes en France) m’a proposé de faire porter ma méditation sur ce verset (lors du temps de prière inaugural de la rencontre du comité de Suivi des Accords de Reuilly qui a eu lieu du 13 au 15 Novembre à Larne, au Nord de Belfast), je l’ai lu et me suis dit : « C’est étrange de choisir ce verset pour commencer la semaine, ce verset qui parle de la charge que nous portons tous d’une façon ou d’une autre. Comme si recommencer la semaine de travail était – devait être – difficile, dur, stressant. Comme si travailler était une charge lourde à porter… »
Puis j’ai réfléchi à la perspective spirituelle que pouvait nous proposer ce verset pour « lire » nos vies. Deux idées me sont alors venues :
1. Est-ce que ce dont nous choisissons de nous charger vaut toujours la peine d’être porté ? En ce début de semaine, il est toujours bon de ce demander “cela en vaut-il la peine ? ». non pas, cela en vaut-il la peine en termes d’argent gagné ou de reconnaissance sociale, mais « cela en vaut-il la peine aux yeux de Dieu ? » c’est-à-dire en termes de justice, de dignité humaine, de proclamation de l’Evangile, de libération ? Cette question « cela en vaut-il la peine ? » met en lumière ce qui compte vraiment pour nous, nos motivations réelles, en particulier au travail ou dans ce que nous faisons… et en tant que chrétiens, si nous réalisons que nous faisons quelque chose pour de mauvaises raisons, cela vaudrait la peine de reconsidérer si nous devons le faire ou non…
2. Est-ce que ce dont nous choisissons de nous charger vaut la peine d’être porté seul ? Souvent, quand nous nous sentons surchargés, c’est parce que nous n’avons pas voulu – ou pu – partager la charge avec d’autres. Mon expérience m’a enseigné qu’il y a des moments où l’on ne peut pas partager certaines choses, par exemple à cause du secret professionnel, et la prière devient alors essentielle, car nous pouvons toujours confier cela à Dieu. Mais la plupart du temps, quand j’ai eu l’impression d’arriver à saturation, d’être surchargée, c’est parce que je voulais garder le contrôle. Parfois par manque de confiance en moi ; parfois par manque de confiance dans les autres. Mais à chaque fois, j’avais oublié qu’il y a quelqu’un, plus haut, qui a le contrôle de la situation, quelqu’un sur qui je peux m’appuyer et qui m’appelle à compter sur d’autres personnes.
Nous oublions souvent de prendre au sérieux un verset qui est juste avant, en Mt 11.25. Jésus y remercie Dieu d’avoir fait connaître des choses aux petits (enfants) et de les avoir cachées aux sages et aux savants. Cela peut être interprété comme d’autres textes bibliques comme un appel à redevenir comme des enfants devant Dieu. Mais ce verset éclaire aussi le verset 28 : pour moi, c’est une invitation – non pas à réussir la performance spirituelle de redevenir un enfant mais – à nous charger uniquement de ce que nous pouvons porter, comme les parents invitent leurs enfants à le faire quand ils partent en randonnée… C’est une invitation à réaliser que chaque fois que nous sommes en situation de responsabilité ou de pouvoir, nous avons besoin des autres. Chaque fois que nous sommes en responsabilité, nous avons en fait deux responsabilités : celle de mener à bien ce dont nous sommes responsable, et celle de voir si nous ne pourrions pas partager avec quelqu’un d’autre une partie de cette responsabilité, lui montrer qu’il/elle est utile, qu’on a besoin de lui/elle, qu’il/elle a de la valeur et est reconnu-e comme un enfant de Dieu, qui fait sa part.
La plupart du temps, avec le partage, vient la joie. La bénédiction de la Joie !
Prenons donc la charge de notre travail à faire, et recevons la joie de le partager. C’est ce que je nous ai souhaité pour ces trois jours de réunion !
Le comité de Suivi des accords de Reuilly en plein travail |
Claire Sixt Gateuille
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