Temple de Poissy (c) Michelle Roy |
Une consultation liturgique organisée par la Communion des Eglises protestantes en Europe (CEPE, GEKE en Allemand) a eu lieu du 26 au 28 Novembre 2014 à Hildesheim (Allemagne) sur le thème « Diversité de liturgies, unité de l’Eglise ». Agnès von Kirchbach, qui y représentait, m’a fait à son retour un compte-rendu très riche. Certaines interventions reflètent de façon assez évidente le contexte de leurs auteurs (les attentes religieuses ne s’expriment pas tout à fait de la même façon en France et en Allemagne, par exemple), mais d’autres nous invitent à nous poser de bonnes questions. Je vous livre en vrac ce qui a attiré mon attention (j'ai reformulé à ma manière) :
- Une de ces questions, en lien avec la sécularisation, interroge par exemple : est-il vrai que le culte du dimache matin constitue le centre de la vie de notre Eglise ? En particulier lorsque seulement 10% de nos membres (et même 1 à 3 % dans certaines Eglises) y viennent ?
- Quel langage utiliser au culte ? Certains sont très attachés aux formulations classiques, du XVIe ou du XIXe siècle, mais pour d’autres, il y a un vrai besoin de réinventer le langage liturgique, pour redire la foi et le salut dans des mots d’aujourd’hui, en particulier pour attirer ceux à qui ce langage ne parle plus…
- Aujourd’hui, cela demande trop d’effort à la plupart de nos contemporains d’entrer dans une liturgique qui commence par l’histoire de Dieu avec nous – Dieu est pour eux une possibilité, un doute, pas le point de départ – il faut donc commencer par thématiser notre histoire avec Dieu, et donc utiliser les mots du quotidien, un langage métaphorique et poétique, de l’ordre du témoignage.
- La télévision s’est rendue compte qu’elle ne pouvait pas produire des émissions qui répondent en même temps à tous les milieux sociologiques. Quid des activités de l’Eglise ?
- Quelles sont les valeurs qui parlent à nos contemporains (en Allemagne) ? La joie de vivre, que la vie ait un sens, et qu’on puisse le déterminer soi-même, l’appartenance à une communauté, prendre soin de soi-même, avoir un cadre affectif sécurisant, la dimension esthétique de la vie.
- La liturgie a des atouts pour parler à nos contemporains, sur la base de ces valeurs :
Pour ce qui est de donner du sens, elle met en tension féconde autodétermination et grâce donnée ; concernant l’expérience existentielle, elle articule joie de vivre et sérieux de la vie ; concernant les relations, elle invite à se situer entre proximité et sécurité d’un côté et distance et mystère de l’autre : concernant les orientations personnelle, invite à se situer entre prendre soin de soi et aimer et/ou servir son prochain.
- Le fait de parler des langues différentes et d’utiliser des liturgies plurielles est enrichissant à condition que nous nous comprenions…
- Nous devons tous demeurer dans « l’auto-évangélisation »… La pluralité des langages peut nous y aider.
Merci Agnès pour ces retours !
Claire Sixt Gateuille