Je me suis demandée il n'y a pas longtemps quelles étaient ma meilleure et ma pire expériences œcuméniques. La pire sera pour un prochain billet, mais commençons par la meilleure. On sait que les premières fois sont souvent inoubliables, je ne déroge pas à la règle : ma meilleure expérience œcuménique a été ma première assemblée du Conseil œcuménique des Églises, à Porto Alegre (Brésil), en 2006.
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Partie un froid matin de février 2006, j'arrivais en plein été, dans un pays de couleurs et de contrastes saisissants. Partie de ma petite expérience œcuménique de fille d'un couple mixte sur le papier (en fait, mon père, issu d'une famille catholique, était agnostique) et de mon expérience de pasteure des Hautes-Pyrénées (dont la célèbre ville de Lourdes !), j'ai découvert la réalité incarnée de l’Église universelle, sa diversité de confessions, de cultures, de coutumes, y compris vestimentaire pour son clergé... J'ai découvert des façons d'appréhender la vie, des expériences, des témoignages très différents de ce que je vivais.
J'ai expérimenté surtout de la part des personnes présentes une grande bienveillance et une envie, une volonté de chercher à comprendre l'autre, malgré les difficultés de trouver une langue commune ou de se comprendre, de par des expériences si différentes.
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Les célébrations ainsi que les plénières incluaient des éléments de théâtre et de dans pour ne pas s'adresser qu'au cerveau rationnel et pour que tous se sentent inclus. Une grande attention était portée à la beauté des liturgies et de leur mise en espace.
Chaque matin, un temps de partage biblique en petit groupe - toujours le même - permettait de se sentir porté par la prière de ces quelques visages un peu mieux connus, et un riche échange interculturel avait lieu autour de la lecture du texte biblique du jour, texte qui faisait autorité pour chacun de nous même si nous vivions différemment cette autorité.
Cette expérience fut très instructive pour moi - j'y ai appris beaucoup - mais surtout immersive : ce que j'y ai vécu dépasse de beaucoup ce sur quoi je peux mettre des mots. Lors que je suis déçue par certaines choses dans l’œcuménisme international aujourd'hui, je repense à cette expérience fondatrice, et celle-ci me remotive et me remets en chemin, à chaque fois. Se découvrir si différents mais frères et sœurs en Christ, cela n'a pas de prix !