Janvier : le mois de mon retour au bureau. Je dois avouer que l'organisation à mettre en place pour tout gérer m'a un peu angoissé... mais finalement, ça se passe "pas si mal"... La vraie question pour tenir dans le temps, ce n'est pas pour moi celle de l'organisation, c'est celle du moteur intérieur : c'est comment concilier mes responsabilités liées au ministère, ma vie de famille trépidante avec deux enfants dont un de 6 mois, tout en gardant de l'espace et du temps pour être nourrie spirituellement ? Je pense à ce qu'on dit de Luther, que lorsqu'il avait beaucoup de choses à faire dans la journée, il devait prendre plus de temps pour prier et méditer les écritures le matin.
Prendre plus de temps pour prier... En décembre, j'ai reçu une petite carte : "Fraternité spirituelle des Veilleurs,
carte d'observant". Comme chaque année, le moment de signer cette carte
a été pour moi l'occasion de réfléchir à cet engagement de nourrir
quotidiennement ma foi en priant trois fois par jour, en récitant
les béatitudes à midi et en allant au culte le week-end dans la mesure
du possible, ainsi qu'en essayant de vivre ces trois mots d'ordre : Joie,
Simplicité, Miséricorde.
Cet
engagement que j'ai pris il y a déjà plus de dix ans, je n'arrive
toujours pas vraiment à le tenir... Et pourtant, je le re-signe chaque
année, à cause de cette promesse : "Mon amour te suffit. Ma puissance se
montre vraiment quand tu es faible" (2 Co 12.9). Je ne suis pas une stakhanoviste de la vie spirituelle. Je ne la pratique pas comme on pratique le "développement intérieur", pour m'améliorer. Je la vis pour la rencontre avec celui qui m'appelle, me bénit et m'envoie. Je la vis pour retrouver et me rappeler ce qui donne sens à ma vie, pour laisser raisonner en moi l'appel de Dieu. Je prends du temps pour la nourrir parce que j'en ai besoin, tout simplement. Quand je me laisse déborder, je finis toujours par y revenir, parce que c'est le seul moyen que j'ai pour me ressourcer et tenir sur la distance. Pour continuer à être (à essayer d'être) constructive, ouverte, à l'écoute des autres et disponible au Saint Esprit. Pour laisser en moi se développer les fruits de l'esprit...
Cette année, j'ai eu envie d'approfondir un peu les choses, et je suis remontée à la source du mouvement. Je suis entrée dans l'année 2017 en lisant "Silence et prière", écrit par le fondateur de la fraternité des Veilleurs, Wilfred Monod, en 1909. J'ai découvert dans ce livre un véritable accompagnement à s'ouvrir à la présence de Dieu dans notre vie. Avec un vocabulaire un peu désuet, et des chapitres courts, très efficaces, c'est un bon outil pour retrouver l'essentiel. Si vous trouvez ce livre dans un coin de bibliothèque paroissiale, n'hésitez pas à vous y plonger !
Claire Sixt Gateuille
P.S.: attention à ne pas confondre la "Fraternité spirituelle des veilleurs", fondée en 1923 par le pasteur Wilfred Monod, avec "les Veilleurs", ce mouvement de protestation né dans le sillage des manifestations contre le mariage pour tous en 2013.