lundi 4 mai 2015

Interreligieux, éthique et communication

Dernier jour de la rencontre des "ecumenical officers"
N. Klukach animait la rencontre (c) André Lavergne
Vendredi était le dernier jour de la rencontre des ecumenical officers. Les sujets abordés n'étaient pas les moindres (last but not least!) : interreligieux, questions éthiques et communication.

Après la décennie pour surmonter la violence (2000-2010), le Conseil œcuménique des Églises (COE) a décidé de continuer à travailler la question en l'abordant par le prisme de la place de la religion dans les violences. En effet, la volonté de préserver la "pureté de la foi" entraine souvent une hostilité envers ceux qui ne la partagent pas, voire une démonisation des personnes ayant des croyances différentes. Intrinsèquement, les religions ont toujours une dimension fondamentalement injuste (mise à part d'une catégorie de personnes "élues" ou de médiateurs entre Dieu et les hommes, exclusion des "non-sauvés", justification d'un système de castes, valorisation du sacrifice, élitisme, etc. pour ne citer que quelques exemples). Il s'agit d'en avoir conscience pour travailler cette dimension, à la fois en interne et dans le dialogue avec les autres partenaires.
De plus, il existe des nationalismes religieux qui font des minorités religieuses des citoyens de seconde zone. La religion offre en effet dans ce cas les métaphores, mythes et symboles qui construisent la "représentation iconique" de la nation, l'image qu'elle se donne d'elle-même.

Peniel Rajkumar (c) André Lavergne
Un gros travail est donc fait par le COE d'analyse de ces processus, à la fois au niveau des sciences humaines et de la théologie, et de création d'outils pour faciliter le dialogue (voir par exemple le "guide pour le dialogue et les relations avec des personnes d'autres religions", en anglais, dans le numéro 40 (2002) de la revue en ligne Current Dialogue, malheureusement disponible seulement en anglais). Peniel Rajkumar, qui intervenait dans cette cession, nous a rappelé que c'est l'incarnation, "Dieu s'est fait chair", qui est la justification première du dialogue interreligieux ; c'est aussi un très bon outil pour approfondir les racines de notre propre foi.

Les politiques s'intéressent souvent au dialogue interreligieux quand il y a urgence, quand les tensions sont déjà exacerbées. Or le dialogue interreligieux n'est pas un "service d'urgences" pour traiter les crises aiguës, c'est plutôt un un "programme de santé publique" où la prévention joue un très grand rôle. L'éducation est centrale pour construire une culture de résistance à la violence.

Lors de la séance sur l'inter-religieux, il a été particulièrement intéressant pour moi d'être assise entre un presbytérien du Ghana et un baptiste néozélandais ; cela a mis en évidence la façon dont le contexte et l'expérience de vie de chacun influe sur son approche de l'inter-religieux.

Dagmar Heller, de la commission Foi et Constitution, est ensuite venue nous présenter un document "Moral Discernement", sur les processus qu'utilisent les Églises lorsqu'elles veulent se positionner sur des questions éthiques ou morales. Cette étude est venue du fait que les question éthiques divisaient de plus en plus les Églises, plus encore que les questions théologiques. Aussi ce travail sur les processus de prise de décision dans les Églises est un premier pas pour amorcer le dialogue sur ces questions. La présentations du document et la discussion autour de ses enjeux m'ont donnée envie de le lire.

(c) André Lavergne
Enfin, nous avons rencontré l'équipe de communication du COE, et parlé en particulier de la communication autour du pèlerinage de justice et de paix. Un site et un blog ont été lancés jeudi 30 avril (lors de notre rencontre), comme plateforme de partage de ce qui se fait dans les Églises sur ce thème (pour le premier) et ce que fait le COE dans cette perspective (pour le second).

Espérons que ces discussions et ces outils nous aideront à entrer dans ce pèlerinage de justice et de paix et, en chemin, à développer encore plus une "spiritualité en marche".

 Claire Sixt Gateuille

PS : Merci à André Lavergne, de l’Église luthérienne du Canada, pour les superbes photos qu'il a prises pendant la rencontre et que j'ai utilisées sur ce blog.

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