mardi 8 juillet 2014

Se saisir d'une dynamique ? Fresh expressions et nouvelles spiritualités


le retable d'Issenheim (c) CSG

Hier a été une journée très agréable. J’ai assisté au culte à l’Eglise luthérienne St Thomas, où le pasteur JJ. Reutenauer a fait une très bonne prédication, sur le pardon et la réconciliation. Après avoir rappelé que la réconciliation ne peut être initiée par les coupables, il a appelé les chrétiens, au nom de la « grâce pour tous », à briser le cycle infernal qui lie faute et destin.
A 13H, nous sommes partis en bus pour Colmar, au musée Unterlinden, admirer le Retable d’Issenheim et la Vierge à la rose, puis au Col du linge dans les vertiges de la ligne de front allemande durant la Guerre de 1914-1918, et avons fini l’après-midi par une dégustation de vin alsaciens et la soirée autour d’une tarte flambée « flammekueche » cuite au feu de bois. Fameux ! Merci à Théodore Dieter qui se révèle un guide passionnant sur l’art au Moyen-âge (la cathédrale vendredi et le retable hier).

Détail d'une façade strasbourgeoise, aquarelle (c) CSG
Ce matin, nous avons commencé par entendre une intervention d’Andy Buckler, mon collègue responsable de la formation et de l’évangélisation dans l’EPUdF, sur les « fresh expressions of Church » dans l’Église anglicane. Il nous a présenté le rapport de 2004 « Mission-shaped Church », en français « une Église pour la mission » ou « une Église configurée par/pour la mission ». Il a rappelé rapidement l’historique des pratiques d’évangélisation dans l’Église anglicane jusqu’à l’apparition de ces nouvelles formes d’Église. Et les 3 concepts clés du rapport :

- Missional church : la mission n’est pas quelque chose à faire, mais quelque chose à vivre, à être en Église. C’est toute la communauté qui doit évaluer son mode de relations, ses activités, sa vie, à travers le prisme de la mission (on retrouve cette idée dans le Livre de Laurent Schlumberger « Sur le Seuil »).
- Mixed economy : la vie de l’Église a besoin des deux formes : la forme paroissiale classique et la forme « en réseau », innovante, contextuelle.  
- Double listening : il s’agit d’écouter à la fois la tradition de l’Église et la culture ambiante. C’est une méthodologie pratique offerte à ceux qui veulent devenir pionniers (responsables d’une nouvelle forme d’Eglise) ou s’impliquer dans ce projet.


Quelques minutes pour admirer la ville (c) CSG

Il a présenté les 18 recommandations du rapport, souligné que le mouvement est aujourd’hui devenu interconfessionnel et international et évoqué le rapport de 2014 sur la croissance de l’Église « From anecdote to evidence ». Il a fini en listant les arguments traditionnellement opposés aux fresh expressions et, suivant le cas, leur réfutation ou les points de vigilance auxquels les responsables de l’Eglise anglicane sont particulièrement attentifs (la formation par exemple), ainsi que les forces et les résultats de ce mouvement, et l’importance de la confiance qu’accordent les responsables, en particulier les évêques, à ces initiatives. On pourra lire à ce propos son article dans Réforme N° 3564 

Ensuite, Adam Strojny, prêtre de la communauté du Chemin Neuf, nous a présenté son mouvement et ses deux piliers : le renouveau charismatique et la spiritualité ignacienne, et sa raison d’être : l'œcuménisme. Son organisation regroupe des prêtres, des célibataires consacrés, des familles ainsi que des « familles dans les quartiers » (qui ne vivent pas la vie communautaire mais se retrouvent 2 fois par semaine, certains we et pendant l’été). Le chemin neuf offre différentes formations à l’œcuménisme et de nombreux temps de pastorale des familles, un réseau de prière « Net for God », et anime des foyers d’étudiants, des paroisses et des lieux de vie communautaire. Elle est présente dans le monde entier. C’est une communauté jeune et en croissance (les implantations les plus récentes sont au Royaume-Unie, en 2014, dont une à Lambeth Palace). Elle se définit elle-même comme une « communauté catholique à vocation œcuménique », et comporte plusieurs membres protestants ainsi que quelques orthodoxes. Elle refuse l’autosuffisance des Eglises particulières. J’ai aimé une citation qu’Adam a faite : « Seul, on avance plus vite, mais à plusieurs, on va plus loin » !

Mots-clés de l'exposé de M. Degenhardt (c) CSG
L’après-midi, après une rapide ballade dans la Petite France avec Andy à l’heure de la sieste, Friedrich Degenhardt nous a présenté comment l’Eglise luthérienne d’Hambourg essaie d’accueillir les africains de spiritualité néocharismatique. Il a pointé diverses adaptations du culte, une fois par mois : l’accueil (pour rapprocher les allemands et les africains), le temps de salutation inclus au cœur du culte, le partage biblique en petits groupes avant la prédication, la prédication bilingue (allemand-anglais), l’animation par la chorale gospel, la danse de louange, le temps de bénédiction individuelle pour ceux qui le demandent, l’insistance sur l’idée d’être un seul Peuple de Dieu. L’idée est de faire sortir tout le monde de sa « zone de confort » pour aller vers l’autre et sa culture différente. L’Eglise travaille aussi particulièrement l’implication des jeunes et le travail social.

Calligraphie sur l'exposé de H van Beek, (c) CSG
Enfin, Hubert van Beek a présenté le forum chrétien mondial (Global Christian Forum en anglais), regroupant sur une base non-contraignante les Eglises de toutes sensibilités, de façon bien plus large que dans le COE, par exemple. Le FCM se comprend comme un espace ouvert ou la confiance entre Eglise peut se construire. C’est un processus qui prend du temps. La structure du FCM est très légère et souple, pour ne pas s’institutionnaliser. Il y a eu pour l’instant une consultation internationale (2002), et deux rencontres appelées Forums (en 2007 et 2011), une troisième est prévue pour 2016 en Amérique du Sud. H van Beek a insisté sur l’importance du témoignage personnel et du culte et sur ce qui se passait à ce moment-là de façon très profonde, permettant d’avancer vers la reconnaissance mutuelle. Le FCM est le lieu où aborder les questions difficiles ensembles (il n’y a pas d’objectif d’obtenir un accord à la fin de la rencontre…).
La journée de travail s’est close avec un temps de groupe de travail et la prière du soir.

Claire Sixt Gateuille

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