vendredi 4 juillet 2014

liberté et prospérité, 2ème jour du séminaire de l'IEO

Thomas Schirrmacher (c) wcg.org
Aujourd'hui, après la prière du matin, nous avons eu droit à deux exposés.

Le professeur T. Schirrmacher devait nous parler des évangéliques dans le mouvement œcuménique mondial, mais a en fait surtout parlé de sa spécialité : le travail de l'Institut international pour la liberté de religion, qu'il dirige. Il semble qu'il ait dit des choses passionnantes en allemand, mais la traduction en a fait un exposé répétitif, trop long (il a parlé pendant 1h30, soit le temps prévu pour l'exposé + la discussion...) et difficile à suivre. A la décharge des traducteurs, il n'avait pas de texte écrit...

Il a évoqué les "éléments" évangéliques incontrôlés qu'on a trop tendance à identifier avec l'ensemble du mouvement des evangelicals, de l'importance de la connaissance et du pardon réciproques, de l'unité qui est essentielle pour la mission et du combat pour la liberté religieuse de tous les évangéliques ouverts à l’idée de dialoguer avec les autres.
Il a abordé les loi "anti-conversion" dans les pays musulmans, l'éthique de la mission, les différentes formes de mission et si toutes sont légitimes ou non, la nécessité d'offrir des textes compréhensibles et applicables au niveau local (petit commentaire perso sur ce dernier point : il faudrait en prendre de la graine !), etc. 

Mots-clés de l'exposé de T.George hier (c) CSG
J'ai remarqué une chose chez nos deux intervenants évangéliques, je ne sais pas s'il est possible de le généraliser, mais je trouve que si cela se confirme avec d'autres, c'est assez symptomatique : tous les deux avaient un intitulé d'exposé très vaste, mais n'ont en fait quasiment parlé que de leur expérience personnelle, et n'ont pas voulu tirer de conclusions plus générales de leur(s) expérience(s) ni adopter un point de vue plus global : le premier a parlé du groupe de dialogue "Evangelicals and Catholics Together" quand le thème était "les évangéliques américains et l'unité des chrétiens" pour T. George, l'autre de l'institut international pour la liberté de religion quand le thème était "les évangéliques dans le mouvement œcuménique mondial"...

C
Calligraphie sur l'exposé de K Bowler (c) CSG
Après lui, Kate Bowler, historienne des religions américaine nous a parlé du Prosperity Gospel, un mouvement que l'on retrouve principalement parmi les Eglises non-dénominationnelles mais qu'on peut croiser de façon marginale dans d'autres Églises (elle a mentionné une communauté méthodiste aux USA et une église catholique à Manille). il s'appuie sur quatre piliers : la foi, la richesse, la santé et la victoire. Avant d'être un mouvement centré sur l'argent, c'est un mouvement basé sur la croyance dans le pouvoir de l'esprit et du spirituel. A la limite, l'esprit (humain) y remplace l'Esprit (saint) pour accomplir les miracles attendus. La foi y est une force, la pensée positive un mode de vie (au point de s'interdire d'exprimer une détresse, cela pourrait entrainer une chaine d'événements négatifs !), la logique de consommation une évidence. Il développe un lien de cause à effet entre la foi et les résultats obtenus. Un exemple parlant : une megachurch de Lagos s'appelle "Winners' Chapel"... 

Kate Bowler (c) CSG
Dans sa présentation vivante et pleine d'humour, mélant analyse et anecdotes, elle a souligné que la théologie véhiculée était pentecôtiste, mais que le système de causalité (la foi entraîne la prospérité car Dieu nous donne ce que nous lui demandons dans le nom de Jésus) n'a en fait pas besoin de cette théologie de l'Esprit saint pour fonctionner. La christologie y est atrophiée et l'anthropologie hypertrophiée.
Un des points qui entraine l'impression d'enrichissement des membres est le fait que les gens qui adhèrent à ses Eglises changent leur comportement, et qu'un bon comportement crée de meilleures conditions de vie (arrêter de fumer ou de boire fait faire des économies, sourire et être agréable au travail peut faciliter l'avancement, etc.). Ces Églises ont une démarche très pragmatique, par exemple elles font des "études de marché" avant de s'établir quelque part, utilisent la Bible comme un outil pratique de conseils à appliquer.
Ce système est merveilleusement adaptable et contextualisable à l'infini, ce qui explique son développement à travers le monde.

L'après-midi a eu lieu une table ronde entre les intervenants des deux jours. T. Shirrmacher y a affirmé que sociologiquement, "le temps du libéralisme théologique est dépassé". Il a également parlé des évangéliques dont l'Eglise était conçue pour une génération et qu'il fallait dont réinventer tous les 30 ans. T. Dieter, de l'institut d'études œcuméniques a souligné que cette ecclésiologie posait un problème pour l'oecuménisme ! 
(c) CSG
T. George rappelé le rôle de réconciliation que les Eglises avaient à jouer, ce qu'elle ne jouaient pas quand elles étaient dans une logique de compétition. Un autre a souligné que quand on est dans la compétition, on finit toujours par perdre ! 

En deuxième partie d'après-midi, libérée pour cause de mondial de foot, ceux qui le souhaitaient ont eu droit à une merveilleuse visite guidée de la cathédrale par T. Dieter. Et comme par enchantement, l'orage a commencé quand nous y sommes entrés et a pris fin quand nous en sommes sortis ! Strasbourg est une ville magnifique et j'ai commencé à faire le plein de photos. 
Claire Sixt Gateuille

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